En dépit de l'optimisme affiché au Conseil de sécurité de l'Onu, la Russie a de nouveau émis mardi des objections sur le projet de résolution mis au point par la ""troïka"" européenne pour sanctionner les ambitions nucléaires de l'Iran. Le projet prévoit notamment d'interdire les importations et exportations de matériaux et de technologies liés à l'enrichissement de l'uranium, au traitement du combustible nucléaire et aux réacteurs à eau lourde, ainsi qu'aux missiles balistiques. Afin de prendre en compte l'une des objections russes, il exclut toute référence au réacteur à eau légère que Moscou construit actuellement à Bouchehr, dans le sud-ouest de l'Iran, qui doit devenir la première centrale nucléaire de la république islamique. Dans la journée, le chef de la diplomatie russe avait estimé que cette nouvelle version préparée par la ""troïka"" européenne répondait pour l'essentiel aux attentes de Moscou et pourrait servir de base à un consensus. ""La nouvelle résolution préparée par l'EU3 et en cours de discussion au Conseil de sécurité a dans une grande mesure pris en compte nos propositions"", avait déclaré Sergueï Lavrov lors d'une interview à l'agence Interfax. La troïka européenne (EU3) comprend l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. ""Nous comptons (...) être en mesure de parvenir à une décision par consensus au Conseil de sécurité de l'Onu qui incitera les Iraniens à s'asseoir à la table des négociations ainsi qu'à coopérer activement et pleinement avec l'AIEA sur toutes les questions en suspens concernant les activités nucléaires de l'Iran"", ajoutait-il. Mais au siège new-yorkais des Nations unies, l'ambassadeur de Russie Vitali Tchourkine a annoncé qu'il souhaitait rayer du projet de résolution une interdiction de voyage frappant les principaux responsables iraniens de même que les entreprises associées aux programmes nucléaires. Il ne veut pas non plus entendre parler d'une liste d'Iraniens dont les avoirs seraient bloqués. ""Entre un accord de principe et un accord définitif, il y a de la marge. Nous essayons de la réduire mais nous n'y sommes pas encore"", a ajouté le diplomate russe. ""Nous débattons toujours d'un certain nombre de domaines essentiels. Pour l'heure, il reste certaines divergences concernant certains domaines"", a dit de son côté l'ambassadeur de Chine à l'Onu, Wang Guangya. A Paris, le ministère des Affaires étrangères avait minimisé l'ouverture apparente du chef de la diplomatie russe en disant ne pas voir vraiment de changement dans la position russe mais ajouté espérer un vote d'une résolution cette semaine. ""Comme a dit notre ambassadeur aux Nations unies, nous espérons toujours parvenir à une adoption de cette résolution d'ici Noël"", a déclaré Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du Quai d'Orsay. Les pays occidentaux font pression pour qu'un vote ait lieu cette semaine sur le projet de résolution du Conseil de sécurité, qui impose des sanctions à l'Iran pour ses desseins nucléaires. ""Le moment est venu de voter"", a répété à Washington le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. La Russie, qui entretient d'étroites relations économiques avec Téhéran, a jusqu'ici fait preuve de prudence - de même que la Chine - au sujet du texte de résolution élaboré par les Européens et soutenu par les Etats-Unis. Ce projet vise à sanctionner le fait que l'Iran n'a pas respecté l'échéance du 31 août que lui avait fixé l'Onu pour suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, opération qui peut servir à la production de combustible à des fins civiles aussi bien que militaires. L'Iran affirme poursuivre ses recherches nucléaires dans un but exclusivement pacifique, mais les Etats-Unis et les principaux gouvernements européens considèrent qu'il cherche en réalité à fabriquer des bombes.