Paris reçoit "Le Web 3". Commencée lundi 11 décembre et prévue jusqu'à mardi, cette conférence accueille dans la Ville lumière ce que la planète Internet compte d'acteurs incontournables et d'entreprises ambitieuses. L'événement est organisé par Six Apart, petite start-up californienne née avec le millénaire et devenue un poids lourd avec sa plate-forme de blog TypePad. Exposés, présentations et débats sont menés de main de maître par l'un des mentors de la blogosphère tricolore : Loïc Le Meur, également directeur de la filiale française de Six Apart. Quel sera le cœur du débat ? Un coup d'œil sur le programme de la journée suffit. Au menu : "Ecommerce 2.0", "Entreprise 2.0", "Le futur des affaires", "Existe-t-il une bulle spéculative sur le Web 2.0 ?", "Le logiciel libre devient-il commercial ?", et même "Le futur selon Google". Qu'est-ce que le Web 2.0 ? La question est hors sujet, périmée. Non pas que le concept soit dépassé, au contraire. Depuis un an qu'il fait la "une" des magazines technophiles et plus récemment de la presse généraliste, le Web 2.0 est arrivé à maturité. Replaçons-nous dans le contexte : le Web 2.0, c'est vous, internautes, lecteurs, cliqueurs, blogueurs, photographes, vidéastes, journalistes de circonstance. Le Web 2.0, ce sont des millions d'individus qui se retrouvent sur le réseau des réseaux et forment des communautés d'intérêts, autoproduisent des millions de contenus, échangent sans discontinuer avis, photos, vidéos… le plus souvent gratuitement. Le Web 2.0, c'est un mélange de lien social, de loisir et de temps. "Le 2.0 c'est cool, on le sait, souligne un animateur, ce qu'on veut savoir, c'est comment en profiter ?" La question du jour, pour les géants de l'Internet, des télécoms comme pour les start-up est bel est bien : "comment monnayer la chose ?" "IL EXISTE BIEN UNE SECONDE BULLE INTERNET" Peu après 9 heures et la distribution de café, le premier à ouvrir le bal est Niklas Zennström, qui dirige Skype après avoir fondé le célèbre et agonisant Kazaa, ce système d'échange de fichiers de pair à pair, qui doit son succès au piratage massif des ayants droit de l'industrie du disque. Sous la menace persistante de la RIAA (association américaine de l'industrie du disque), Kazaa a cessé de mettre en partage des contenus illégaux cet été, et accepté de verser 100 millions de dollars aux principales majors du disque. A tout seigneur tout honneur : le premier poids lourd à prendre la parole est la représentante de Google, Lorraine Twohill. Pas moins langue de bois que ses concurrents, la directrice marketing de Google pour la Grande-Bretagne expose la nécessité d'innover "pour que [ses] produits restent compétitifs". Elle souligne également que les bonnes idées "peuvent également venir de l'extérieur" – Google a en effet déboursé plus de 1,6 milliard de dollars pour s'offrir YouTube. Après l'insatiable, ses challengers sur le Net entrent en lice : Phil Holden pour Microsoft, Antonio Anguita d'Orange et Dominique Vidal de Yahoo. Conquérir,"c'est prendre du temps aux gens", explique ce dernier. Dans une société multi-écran, où les sollicitations et les centres d'intérêt sont innombrables, "nous devons recréer un contenu intéressant avec les moyens et les outils que nous donne le Web. C'est ce que nous avons réalisé avec questions/réponses : un outil très simple qui permet à chacun de partager ses opinions et de rendre un service réel à M. Tout-le-Monde". Le développement du haut et du très haut débit, l'avènement de l'accès à Internet sur mobile, les promesses de croissance du marché de la publicité en ligne sont des moteurs efficaces pour le Web 2.0 et ses acteurs. Mais les sources de revenus, hors publicité, ne sont pas légion. Combien d'entreprises mort-nées pour un Amazon ou un eBay ? "Il existe bien une seconde bulle Internet, souffle un investisseur venu faire son marché. Lorsque je vois une 353e start-up proposer une nouvelle plate-forme de partage de vidéo en ligne, je désespère. Beaucoup n'iront pas au bout de leur projet." "Pourtant, chaque année arrivent de nouveaux concepts que nous n'imaginions pas, note Ouriel Ohayon, de TechCrunch. Cette année, ce que réalise World of Warcraft et Second Life [des sites de jeux en réseau] est étonnant."