L'Allemagne et la France ont proposé mardi à l'Union européenne de se prononcer sur la question de l'adhésion de la Turquie entre fin 2007 et début 2009, sur la base d'un nouveau rapport de la Commission. A l'approche du conseil européen de la mi-décembre, et alors que l'Allemagne s'apprête à assurer la présidence de l'Union à partir du 1er janvier 2007, les questions européennes ont dominé les discussions du "triangle de Weimar" - qui ont réuni les dirigeants français, polonais et allemand à Mettlach, petite ville de l'ouest de l'Allemagne. "Nous oeuvrons pour que la Commission (européenne) nous fasse un nouveau rapport entre les élections en Turquie - c'est à l'automne 2007 - et les élections européennes qui auront lieu en 2009", a déclaré Angela Merkel lors d'une conférence de presse à l'issue de plus d'une heure d'entretien avec Jacques Chirac et Lech Kaczynski dans l'ancienne abbaye de Mettlach. "C'est dans ce délai - nous n'allons pas fixer d'échéance précise - que la Commission nous fera un rapport d'avancement sur les progrès réalisés", a expliqué la chancelière. "Il ne s'agit en rien de fixer un ultimatum mais le Conseil veut rappeler qu'il se prononce sur les rapports de la Commission". Présent à ses côtés, Jacques Chirac a affirmé que la position de la France était "exactement" celle de Berlin et que celle de Varsovie n'était "pas très éloignée". "Nous sommes d'accord pour tirer les conséquences de l'absence de progrès sur le protocole d'Ankara" que "nous regrettons", a souligné le chef de l'Etat. La semaine dernière, la Commission européenne a proposé une suspension partielle des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE en raison de son refus d'ouvrir ses ports et aéroports à Chypre. Une recommandation qui n'a toutefois été assortie d'aucun calendrier. RELATIONS AVEC LA RUSSIE A Mettlach, Angela Merkel n'a pas utilisé le terme de "clause de rendez-vous" évoqué ses derniers jours à Paris et Berlin pour soutenir l'idée de fixer une échéance à la Turquie. "Notre objectif est que le protocole d'Ankara soit appliqué sans préjuger des délais et de la question générale de l'adhésion", a-t-elle expliqué. Le président Kaczynski, qui participait pour la première fois à ce type de sommet, est revenu sur les tensions qui opposent la Pologne à son voisin russe. Contrairement à la Pologne, ancien pays satellite de l'URSS, la France et l'Allemagne souhaitent conclure le nouveau partenariat avec la Russie, principal fournisseur d'hydrocarbures de l'UE. Varsovie bloque actuellement les négociations car elle n'a pas obtenu satisfaction sur la levée immédiate de l'embargo russe sur la viande et certains produits végétaux. Jacques Chirac a émis le souhait que ce problème soit "très rapidement réglé" afin de lancer "très prochainement" les négociations" sur ce partenariat. Lech Kaczynski a suggéré pour sa part l'établissement de relations russo-européennes fondées sur la "bienveillance" et le "réalisme". Le président polonais a plaidé par ailleurs pour l'entrée dans l'Union de son voisin ukrainien, dont Angela Merkel a souligné la "vocation européenne". Le sommet de Mettlach était le septième "triangle de Weimar" depuis le lancement de ce format, en 1991. L'utilité de ces rendez-vous a été remis en question depuis l'entrée de la Pologne dans l'Union, en mai 2004. A Mettlach, les trois participants en ont vanté les mérites, y compris le président polonais qui s'était montré le plus critique par le passé. "C'est une structure toujours utile, toujours avantageuse", a dit Lech Kaczynski.