La crise politique n'a montré aucun signe d'apaisement dimanche au Liban, où l'opposition pro-syrienne est apparue déterminée à poursuivre son mouvement de protestation pour faire chuter le gouvernement antisyrien du Premier ministre Fouad Siniora. Des dizaines de milliers de partisans du Hezbollah pro-syrien et de ses alliés de l'opposition, dont certains chrétiens, ont observé dimanche un sit-in pour la troisième journée de protestation à Beyrouth, dans le village de tentes improvisé non loin du siège du gouvernement, où se trouvent Siniora et plusieurs de ses ministres. "Nous resterons sur cette place. Nous ne bougerons pas tant que ce gouvernement illégal et non conforme à la constitution ne sera pas parti", a déclaré sous les acclamations une personnalité de l'opposition chrétienne pro-syrienne, Souleiman Franjié, sur la place Riad al Solh. "Notre unique revendication, c'est un gouvernement d'union nationale", a-t-il lancé à la foule. Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, est arrivé à Beyrouth pour y rencontrer des responsables libanais et faire part des inquiétudes du monde arabe face à la crise agitant le pays du Cèdre. "La stabilité du Liban et une sortie de crise permettant d'assurer l'avenir et la sécurité de ce pays fait partie de nos préoccupations", a-t-il dit. "Nous sommes tous inquiets de la situation au Liban". Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a déclaré dimanche à Jérusalem qu'il comptait, lundi à Damas, transmettre un message de fermeté au président syrien Bachar el Assad, demandant à la Syrie de ne pas s'ingérer dans les affaires du Liban. Six ministres d'opposition, dont cinq chiites, ont démissionné le mois dernier et le gouvernement a encore été affaibli par l'assassinat, le 21 novembre, du ministre chrétien antisyrien, Pierre Gemayel. APPEL DE RICE A SINIORA Dimanche, de très nombreux partisans du Mouvement patriotique libre du général chrétien Michel Aoun, allié des chiites du Hezbollah, ont assisté à une messe célébrée en la cathédrale maronite Saint-George de Beyrouth. Le drapeau libanais frappé du cèdre vert flottait en face de l'édifice avec l'inscription "Mouvement patriotique libre". Le Premier ministre a réaffirmé samedi qu'il ne cèderait pas à la pression de la rue. Il a reçu l'appui de Steinmeier et de la secrétaire britannique au Foreign Office Margaret Beckett. De nombreux dirigeants européens et arabes l'ont également assuré de leur soutien. Les services de Siniora ont précisé que le Premier ministre avait reçu un appel téléphonique de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice qui l'avait assuré de son soutien. Le dirigeant druze antisyrien Walid Djoumblatt a pour sa part déclaré: "Nous serons fermes, pacifiques et démocrates". Malgré le blocus des rues du centre-ville, le marathon de Beyrouth, programmé de longue date, s'est finalement déroulé sans anicroche dans les quartiers périphériques de la capitale avec, pour slogan, "Pour l'amour du Liban". Vendredi, des centaines de milliers de partisans du Hezbollah chiite et de ses alliés - le mouvement chiite Amal et les partisans du général Michel Aoun - avaient défilé dans les rues de Beyrouth pour demander la démission du gouvernement pro-occidental. Le Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, réclame la démission du gouvernement Siniora qu'il présente comme un auxiliaire fantoche des Etats-Unis. Les dirigeants antisyriens qui contrôlent le cabinet accusent le mouvement islamiste chiite et ses alliés de préparer un coup de force.