Poursuite des affrontements meurtriers à Mogadiscio entre milices "séculières" et islamistes. Des combats à l'artillerie lourde ont opposé vendredi deux factions rivales, l'une islamiste, l'autre laïque, à Mogadiscio, capitale de la Somalie, pour le contrôle du quartier de Sii-Sii, déserté par ses habitants, dans le nord de la ville. Ces affrontements, qui opposent depuis dimanche dernier l'Union des tribunaux islamiques à l'Alliance pour le rétablissement de la paix et contre le terrorisme, ont fait au moins 135 morts et 280 blessés, des civils en majorité, selon un bilan des hôpitaux. Aucune des deux parties ne semblait devoir prendre le dessus, malgré l'arrivée jeudi de renforts, lourdement armés, de la milice islamiste. Selon Mohamud Jama, un habitant qui a perdu ses trois enfants, tués par l'explosion d'un obus de mortier, "c'est la première fois que nous voyons des combattants en Somalie viser les civils d'une façon aussi sauvage". Les miliciens de l'Union des tribunaux islamiques tentent depuis dimanche de prendre le contrôle d'une route stratégique traversant le nord de Mogadiscio. Leur objectif est de bouter l'Alliance hors de ce secteur et, à terme, d'y imposer la loi islamique. La Somalie, à la pointe est de l'Afrique, n'a plus de gouvernement central depuis 1991, année qui vit des seigneurs de la guerre chasser le dictateur Mohamed Siad Barre avant de se déchirer, transformant ce pays de huit millions d'habitants en mosaïque de fiefs claniques en proie à l'anarchie. En outre, le Nord, l'ancienne Somalie britannique, a fait sécession sous le nom de Somaliland, un Etat qui n'a pas été reconnu par la communauté internationale. Les fondamentalistes musulmans se présentent comme une force alternative capable de rétablir l'ordre et la paix. Mais ils n'hésitent pas à recourir à la force et auraient noué des liens avec le réseau terroriste Al-Qaïda. Quant aux forces "séculières" -en fait les anciens seigneurs de la guerre qui se partageaient la capitale-, ils auraient le soutien des Etats-Unis. Washington soupçonne les islamistes d'avoir accordé l'asile à trois responsables d'Al-Qaïda. Le gouvernement intérimaire somalien, qui bénéficie du soutien des Nations unies, tente d'imposer son autorité depuis Baidoa, à 240km à l'ouest de Mogadiscio, en raison de l'insécurité régnant dans la capitale. Plusieurs membres du Parlement intérimaire sont des membres de l'Alliance impliqués dans les combats contre la milice islamiste. Selon les observateurs, ces combats pourraient être les premiers d'un conflit auquel risquent de se joindre d'autres factions sans lien reconnus avec l'un ou l'autre des belligérants actuels. AP