Si la ville d'Agadir connaît des entrains spectaculaires de modernité en termes de tourisme et d'urbanisme, en particulier dans le secteur balnéaire et quelques zones résidentielles, il faut bien dire que l'autre facette dévoile une réalité des plus déconcertantes. La promiscuité, la pollution et la débauche battent leur plein dans nombre de points de la cité, notamment dans les quartiers populaires, plus connus sous les noms de l'abattoir, Talborjt, Khiam, Amsernat, BouarganeŠ A la célèbre place Salam, encore appelée place des taxis, les laissés-pour-compte (clochards, chemkara, mendiants de tous les âges) se comptent par dizaines et se propagent un peu partout dans les coins. S'ajoute à cela une multitude de cafés sans normes d'hygiène, avec terrasses encombrantes qui ferment très tardivement. Juste à côté, les bus et les taxis provoquent une pollution asphyxiante et un vacarme infernal, des avertisseurs obligeant les habitants des environs à garder leurs fenêtres toujours fermées. Du côté de l'avenue Hassan II jusqu'au point perpendiculaire au boulevard Al Mouquaouama, l'embouteillage à longueur de journée est monnaie courante, rendant la vie dure à tous les usagers de ces artères polluées et suffocantes. Dans les parages également se dresse un four traditionnel (ferrane). Un calvaire pour tous les voisins : linge sali, terrasses saupoudrées de poussières noires, à cause de son délabrement et sa vétusté. Maintes plaintes et requêtes ont été déposées par les citoyens auprès des services concernés, mais sans suite... à tel point qu'ils ont fini par perdre tout espoir. Le comble c'est que la place Salam, coeur de la ville, constitue en fait un passage incontournable pour les touristes qui préfèrent se rendre au souk à pied depuis les hôtels où ils logent du côté du boulevard Mohammed V. Au quartier Talborjt, les habitants endurent pareillement le martyre. En effet, l'endroit qui sévit dans l'insalubrité pullule de mendiants et de débauchés. La saleté et le délabrement submergent aussi bien les terrasses de cafés et les chaussées que les ruelles où les pic-pockets guettent les passants se rendant à la prétendue gare routière. Le même sort est administré aux touristes qui viennent en nombre prendre un repas à bon marché (35 DH) dans les restaurants du coin. Dans ces conditions déplorables, où sécurité et hygiène font défaut, on ne peut qu'être choqué par le manque d'espaces verts et de lieux de jeu destinés aux enfants. L'allergie et l'étouffement sont de mise, surtout les week-ends quand les cafés en vrac drainent un monde fou de mordus de la liga espagnole, particulièrement les fans du F.C Barcelone ou du Real Madrid. De l'autre extrémité de la ville, aux quartiers Dakhla, Al Massira, Al Qods, Salam, Al HoudaŠ un autre danger harcèle la population aussi bien le jour que la nuit. Il s'agit, bien sûr, du phénomène du vol à l'arme blanche dans plusieurs points de ces quartiers. Les victimes de ces agressions sont particulièrement les jeunes filles qui se font surprendre par des délinquants pour la plupart à vélomoteurs. Ces lieux très connus de tout le monde sont de véritables cauchemars pour les citoyens. Voilà donc un tour d'horizon d'une cité considérée comme étant l'une des plus belles baies du monde. Une ville à vocation purement touristique n'est pas exclusivement la partie balnéaire où s'étale majestueusement la corniche et la ceinture hôtelière de haut standing, mais également l'entretien et le rehaussement de toutes les composantes de la ville qui doivent constituer indissociablement un ensemble cohérent et harmonieux. Abandonner les autres unités populaires à leur sort et les exposer à des pratiques de débauche et de délinquance est un coup dur asséné non seulement à la vie sociale des citoyens ayant droit à la sécurité, l'hygiène et la décence, mais aussi à l'image de marque d'une ville censée jouer un rôle économique primordial pour le pays.