La Corée du Nord a annoncé lundi avoir effectué le premier essai nucléaire, "couronné de succès" de son histoire. La communauté internationale, y compris la Chine, a unanimement condamné ce test qui, s'il est avéré, pourrait menacer sérieusement la stabilité du Nord-Est asiatique. Les Etats-Unis ont notamment demandé une action immédiate du Conseil de sécurité de l'ONU et devaient, comme le Japon, réclamer des sanctions supplémentaires envers le régime nord-coréen. Le Conseil de sécurité devait se réunir dès lundi pour discuter de l'essai nucléaire souterrain que la Corée du Nord dit avoir réalisé. Il s'agirait le cas échéant d'une confirmation que Pyongyang possède bien l'arme atomique, comme elle l'assure depuis longtemps. La Corée du Nord deviendrait alors le neuvième pays connu pour posséder des armes nucléaires, avec les Etats-Unis, la Russie, la France, la Chine, la Grande-Bretagne, l'Inde, le Pakistan et Israël. Les avis divergeaient toutefois sur l'ampleur de l'explosion. La Corée du Sud a affirmé qu'elle était relativement faible, mais la Russie a assuré qu'elle avait peut-être été aussi forte que les bombes atomiques lâchées par les Etats-Unis sur le Japon pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il n'y a "aucun doute" qu'il y a eu une explosion nucléaire, a affirmé le ministre russe de la Défense Sergueï Lavrov, cité par l'agence de presse RIA-Novosti, en précisant que sa puissance était évaluée entre cinq et 15 kilotonnes. L'Agence de presse centrale coréenne (KCNA, agence officielle nord-coréenne) a annoncé que l'essai nucléaire souterrain avait été réalisé "avec la sagesse autochtone et 100% de technologie". Elle a assuré qu'il n'avait pas occasionné de fuite radioactive. "Cela marque un événement historique puisque cela a beaucoup encouragé et enchanté" notre armée "et notre peuple qui ont souhaité avoir une puissante capacité de défense indépendante", écrit KCNA. L'essai nucléaire "contribuera à défendre la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne et la région environnante". La présidence de l'Union européenne a condamné "l'acte provocateur de Pyongyang", et le porte-parole de la Maison Blanche Tony Snow a déclaré qu"'un test nucléaire nord-coréen serait une provocation, au mépris de la volonté de la communauté internationale et de notre appel à s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver les tensions en Asie du Nord-Est". Le président russe Vladimir Poutine a affirmé que son pays condamnait l'essai réalisé par la Corée du Nord". "Cela ne concerne pas que la Corée du Nord, des dégâts énormes ont été faits dans le processus de non-prolifération des armes de destruction massive dans le monde", a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy a également condamné l'essai nucléaire, le qualifiant d"'acte de très grande gravité pour la sécurité internationale". Pékin, pourtant l'allié le plus proche de Pyongyang, a adopté la même ligne. "La Chine s'oppose résolument à l'essai nucléaire nord-coréen et espère que la Corée du Nord reprendra les négociations à six", explique un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères lu à la télévision d'Etat. "Il est de l'intérêt de toutes les parties de préserver la stabilité de l'Asie du Nord-Est." Le président sud-coréen Roh Moo-hyun a estimé que ce test menaçait la stabilité régionale, et le Premier ministre japonais Shinzo Abe a souligné qu'un tel essai était "absolument inacceptable" et marquerait le début d'une "ère nucléaire dangereuse" dans la région. La Corée du Nord avait déclaré la semaine dernière qu'elle procéderait à un essai nucléaire, provoquant l'inquiétude des pays de la région. L'essai intervient alors que d'importantes tractations diplomatiques avaient été entamées pour tenter de faire renoncer Pyongyang. Le régime communiste affirme depuis longtemps disposer de l'arme nucléaire. L'essai nord-coréen renforce par ailleurs les craintes d'une course à l'arme atomique en Asie. Le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Yu Myung-hwan, a estimé que cela pourrait fournir au Japon un "prétexte" pour passer au nucléaire et avoir un effet de dominos chez les voisins asiatiques, y compris la Corée du Sud et Taïwan, pourtant réticents. En outre, des pays comme les Etats-Unis, l'Inde ou la Chine pourraient être incités à reprendre les essais nucléaires, avec les risques accrus de prolifération que cela suppose.