Premier ex-communiste à accéder au poste de président de la République italienne, Giorgio Napolitano, 80 ans, a été un artisan majeur de la mutation du PCI vers la social-démocratie. L'élection mercredi du candidat de Romano Prodi par un millier de grands électeurs couronne une longue carrière politique qui l'a notamment vu devenir ministre de l'Intérieur et président de la Chambre des députés. Un de ses premiers actes en tant que chef d'Etat sera de confier à M. Prodi la charge de former un gouvernement. Connu pour sa modération et sa rigueur morale, il était jadis membre du Parti communiste italien, le plus grand en Occident, mais sa position s'est souvent écartée de l'orthodoxie doctrinaire: il a cherché le dialogue avec les socialistes italiens et européens pour mettre fin à l'isolement du PCI et s'est prononcé précocément pour une intégration européenne. "C'est un véritable homme d'Etat qui a le souci de l'équité, et un ami des Etats-Unis", affirme à son égard Richard Gardner, ancien ambassadeur américain en Italie de 1977 à 1981. Après la chute du Mur de Berlin, Napolitano fut un des plus fervents apôtres de la réforme du Parti communiste italien. Il est aujourd'hui membre des Démocrates de gauche (DS), héritier du PCI et plus grand parti de la coalition de centre-gauche de Romano Prodi. "Il était le communiste le moins communiste que le parti ait jamais recruté", selon le quotidien "La Stampa". Le journal "La Repubblica" le présente de son côté comme un "anti-idéologue" et un "bourgeois socialiste". Natif de Naples, il a combattu les Nazis et le fascisme durant la Seconde Guerre mondiale. A la fin du conflit, il a rejoint le PCI et a été élu au Parlement en 1953, mandat qu'il a conservé pendant dix législatures consécutives. Spécialiste des relations internationales avec un intérêt particulier pour les affaires européennes, il était considéré comme le "ministre des Affaires étrangères" du PCI. Il a été ministre de l'Intérieur du gouvernement conduit par Romano Prodi de 1996 à 1998, un portefeuille traditionnellement confié aux chrétiens-démocrates. Il fut également président de la Chambre des députés (1992-94) et membre du Parlement européen pendant cinq ans jusqu'en 2004. L'an dernier, son prédécesseur, le président Carlo Azeglio Ciampi, l'avait fait sénateur à vie, une des plus hautes distinctions en Italie. Ses partisans saluent ses manières distinguées qui ont contribué à son surnom de "prince rouge". Ses détracteurs lui reprochent ce qu'ils considèrent comme une prudence excessive et un manque de courage politique. Intellectuel respecté, il a donné des conférences dans les universités américaines les plus prestigieuses. Marié et père de deux enfants, il a récemment publié ses mémoires, dont le titre semble résumer son parcours: "Du Parti communiste italien au socialisme européen. Une autobiographie politique."