La nouvelle console de jeux du japonais sera lancée en novembre aux États-Unis, en décembre au Japon et en Europe au prix de 250 euros. Un nouveau coup dur pour Sony. LA GUERRE des consoles de jeux de nouvelle génération va débuter avec les fêtes de Noël. La bataille ne sera cependant pas totale. Sony vient de reporter le lancement de sa PlayStation 3 (PS3), à mars prochain en Europe. Le géant nippon a d'autant plus de soucis à se faire que son compatriote Nintendo égrène, depuis hier matin, le prix et les dates de sortie de sa nouvelle console, la Wii - prononcez « oui ». Dès le 19 novembre, la machine sera commercialisée aux États-Unis au prix de 250 dollars. Puis, le 2 décembre, au Japon à 25 000 yens (167 euros). Aujourd'hui, à Londres, le groupe de Kyoto indiquera que sa console sera commercialisée en Europe dès décembre à 250 euros. Ce prix, faible en comparaison avec celui de la XBox 360 de Microsoft - 300 ou 400 euros selon le modèle - et de la PS3 de Sony (500 ou 600 euros), devrait donner un coup de fouet aux ventes. Le prix relativement bas s'explique car la machine n'est « pas entrée dans la course aux polygones » (l'élément de base pour définir une image), souligne Stephan Bole, le directeur général de Nintendo France. Résultat, le prix des composants est moindre que celui des machines concurrentes, la qualité de l'image moins bonne. « Nous visons un public qui a peu d'intérêt pour les jeux vidéo ou qui n'a jamais joué. L'idée est de réinventer la relation entre les joueurs et la machine », expliquait en mai dernier, Satoru Iwata, le président de Nintendo. Contrairement à ses homologues de Sony et de Microsoft, le patron de Nintendo est un ancien concepteur de programmes. La « nouvelle expérience de jeux » promise s'exprime dans la nouvelle interface : la manette de jeux, sans fil, ressemble à une grosse télécommande, équipée de deux accéléromètres. Elle peut être utilisée comme le manche d'une raquette de tennis : elle reproduit sur l'écran les mouvements du joueur. Dès son lancement, la Wii disposera d'un catalogue d'une vingtaine de jeux et un peu moins de trente à la fin de l'année. Nintendo a donc toutes les chances d'atteindre son but de 6 millions d'unités vendues d'ici à fin mars. Sony à la traîneEn revanche, Sony a dû réduire ses ambitions par deux pour la fin de l'année. L'industriel japonais, qui a pourtant vendu 106,2 millions de PS2, dont près de 40 millions en Europe, a sacrifié le Vieux Continent. Car la diode laser utilisée pour le lecteur de « Blu ray disc », un des deux formats de DVD du futur, fait défaut. Toutefois, « l'objectif de 6 millions de PS3 vendues dans le monde est maintenu, malgré le report du lancement en Europe. C'est-à-dire que nous allons combler en très peu de temps notre retard » affirme, confiant, David Reeves, le président de la division jeux de l'industriel japonais en Europe. Le groupe mise gros, « sa survie », affirme le magazine américain Wired. « En fin d'année, Sony aura peu de titres, tandis que nous proposerons une ludothèque de 160 jeux, contre une cinquantaine actuellement. Notre avance va donc augmenter », contre-attaque François Ruault, responsable de la division grand public de Microsoft France. Arrivé trop tard pour la précédente génération de machines, le groupe de Bill Gates a appris de ses erreurs. À l'aide de coopérations avec les éditeurs Electronic Arts, Ubisoft, Activision et THQ, la firme propose une large gamme de jeux. Et afin de ne pas contraindre les consommateurs d'acheter un lecteur de DVD du futur, Microsoft a promis un lecteur de HD-DVD, à relier à la XBox 360. Cet équipement « serait livré en novembre en Europe, à 200 euros », révèle François Ruault.