La cimenterie d'Agadir a été dernièrement autorisée à installer une unité industrielle dans la région de Chtouka Ait Baha, plus précisément sur les hauteurs de Inir M'Korn. Une étendue de 1000 ha a été réservée à l'entreprise, cédée par les Eaux et Forêts et les Domaines. La nouvelle réalisation qui viendra renforcer la production de la société en cette matière ne sera opérationnelle que dans quelques années à venir. Si l'emplacement actuel de la cimenterie d'Agadir, plantée il y a quelques décennies dans une agglomération résidentielle d'Anza, située à sept kilomètres d'Agadir, pose un problème écologique et environnemental en dépit des efforts louables pour endiguer ou tout au moins atténuer les retombées fâcheuses de la production, le nouveau projet complémentaire ne cesse, lui aussi, de faire surgir des interrogations sérieuses à ce sujet. D'abord, par le choix du site mitoyen à une région agricole à savoir Oulad Saïd, Oulad Teïma, Sebt Guerdane pour les cultures d'agrume, Aït Milk et la région de Chtouka pour les cultures maraîchères. Le danger est d'autant plus sensible que ces cultures sont destinées à l'exportation où des mesures formelles de traçabilité sont déjà conclues avec l'Union Européenne (Rep-gap). Le nouveau projet qui mettait en péril toute l'exportation aussi bien des agrumes que des maraîchages. A la différence par exemple de la cimenterie de M'zouda montée à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech, le nouveau projet de Imi M'korn porterait atteinte également à l'environnement, en particulier l'arganier qui serait tout simplement arraché avec une densité de 21 arbres à l'hectare soit plus de 1000 hectares d'arganiers déboisés. Sans oublier la carrière d'extraction de klinker (pozlan) qui, par le soufflement du vent, se déferle sur toute la région et dépose des résidus polluants. Il est bien évident que lors du tirage des ciments, les poussières de cellulose sont transportées par les vents du sud et du nord vers toutes les régions agricoles avoisinantes. Cette opération est bien entendu contraire au développement durable dont le Maroc est signataire (convention de Rio en 1993). On se demande alors si le choix de ce site a été l'objet d'une profonde étude au préalable qui éviterait des incidences d'ordre environnemental. C'est la question que se posent, en tout cas, les intervenants du secteur agricole et les intéressés de la problématique écologique.