Les résultats de la présidentielle du 30 juillet en RDC, tous connus désormais à l'exception d'une circonscription, montrent qu'un second tour sera nécessaire pour départager le président sortant, Joseph Kabila, et son principal rival, l'ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba. Mais alors que la population attendait l'annonce officielle des résultats, des tirs ont éclaté dans la capitale où la Mission des Nations unies au Congo a déployé des véhicules blindés. En tenant compte des résultats dans 168 des 169 circonscriptions, le président Kabila recueillait 44,5% des suffrages, soit moins que la barre des 50% qu'il lui aurait fallu atteindre pour se faire élire dès le premier tour. Bemba, quant à lui, était deuxième avec plus de 20%, selon les calculs des experts électoraux. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Bemba, issu des forces rebelles soutenues par l'Ouganda qu'il a dirigées pendant la guerre, a accusé la Garde républicaine de Kabila d'avoir attaqué son siège à Kinshasa dimanche après-midi. "La Garde républicaine a commencé à tirer sur nous dans raison. Elle a tué un de nos hommes", a dit à Reuters un porte-parole du MLC. Ces accusations n'ont pu être confirmées de source indépendante mais des correspondants de Reuters ont entendu des tirs nourris d'arme automatique venant des environs du siège du MLC. La Commission électorale indépendante (CEI) doit annoncer dimanche l'ensemble des résultats provisoires après 20h (19H00 GMT). "NOUS VOULONS ETRE RASSURES" Elle a publié les résultats à mesure qu'ils lui parvenaient au compte-gouttes des quatre coins de cet immense pays d'Afrique centrale, permettant aux experts électoraux de compiler les résultats. Le district de Manono de la province du Katanga est la seule circonscription dont les résultats ne sont pas encore connus. L'ensemble de la province a voté majoritairement en faveur de Kabila mais les experts affirment que quelle que soit l'issue des votes à Manono, Kabila n'évitera pas un second tour. Les résultats provisoires devront être confirmés par la Cour suprême de RDC. La date du second tour a été provisoirement fixée au dimanche 29 octobre. Antoine Gizenga, un candidat de l'opposition âgé de plus de 80 ans, arrive en troisième place en comptabilisant 13% des suffrages d'après les derniers chiffres disponibles. Impatients de connaître les résultats après plusieurs semaines de spéculation, les Congolais disent qu'ils garderont les yeux rivés sur la télévision nationale, qui doit diffuser en direct l'annonce des résultats. "Nous avons entendu dire qu'il y aurait un second tour mais nous voulons être rassurés par une annonce officielle", explique Papa Antoine, chômeur à Kinshasa. "Je veux l'entendre de mes propres oreilles. J'espère juste qu'il n'y aura pas une coupure de courant", a-t-il ajouté. Jusqu'à ce que le score de Kabila tombe sous la barre de 50%, certains observateurs redoutaient qu'une victoire de Kabila au premier tour déclenche des réactions violentes à Kinshasa où il n'est guère aimé et où il est considéré par nombre d'habitants comme un personnage soutenu par l'étranger.