La classe politique allemande a lancé une mise en garde durant le week-end contre la menace terroriste grandissante et réclamé de nouvelles mesures après l'échec d'un complot visant à faire sauter des trains de voyageurs, qui a échoué simplement parce que les bombes n'ont pas explosé. L'Allemagne n'a pas subi le type d'attentats qui ont fait des dizaines de victimes en Grande-Bretagne et en Espagne ces dernières années. Vendredi, cependant, il est apparu que deux individus, qui pourraient appartenir à un réseau islamiste plus vaste, avaient failli faire exploser des bombes de fabrication artisanale à bord de deux trains, fin juillet, l'un à Dortmund, l'autre à Coblence. "La situation est très grave", a estimé le ministre fédéral de l'Intérieur, Wolfgang Schäuble, dans une interview à la télévision publique allemande. "Le danger n'a jamais été aussi grand". Samedi, la police a arrêté l'un des deux hommes soupçonnés d'avoir posé les bombes. Ils ont été repérés grâce à des moniteurs de vidéosurveillance à la gare de Cologne, portant à bord des trains les valises qui contenaient les explosifs. Monika Harms, procureur fédéral, a indiqué que l'homme arrêté à Kiel dans le nord du pays était un étudiant libanais de 21 ans établi en Allemagne depuis deux ans. BANQUE DE DONNÉES ANTITERRORISTE Bien que les bombes - faites de réservoirs de propane et de détonateurs - n'aient pas explosé, elle a expliqué que la complexité du complot laissait penser que les deux individus n'avaient pas agi seuls. Ces bombes à retardement, estime la police, auraient pu tuer un grand nombre de personnes. Le second suspect est toujours en fuite et une importante chasse à l'homme est en cours. Selon certains hommes politiques, cet incident souligne le risque qu'une nouvelle génération d'activistes inconnus des services de sécurité soient prêtes à passer à l'action. "C'est la véritable raison d'inquiétude", a dit Schäuble à cet égard. "Nous ne savons plus qui vit parmi nous. Par conséquent, nous devons recourir à tous les moyens à notre disposition". Schäuble presse pour que l'on mette en place une banque de données antiterroriste générale qui permettrait de mieux centraliser les renseignements dont disposent séparément la police, les services de renseignement et les instances fédérales et locales. Certains hommes politiques restent hostiles à une banque de données qui donnerait aux autorités, selon eux, accès à toute une série de renseignements sur les citoyens. Le souvenir de l'ère nazie et de la Stasi est-allemande a empêché jusqu'à présent les gouvernements allemands de faire adopter des lois antiterroristes draconiennes.