PONT de KHARDALI, Liban (Reuters) - L'armée libanaise a franchi jeudi le fleuve Litani pour commencer à se déployer dans le Sud, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Onu organisant la fin de 34 jours d'hostilités entre l'armée israélienne et le Hezbollah. Selon les envoyés spéciaux de l'agence Reuters, des dizaines de camions, de véhicules blindés de transport de troupes et de jeeps ont franchi dans la matinée le pont de Khardali enjambant ce cours d'eau situé à une vingtaine de km au nord de la frontière libano-israélienne. Auparavant, des convois militaires avaient traversé la ville de Nabatieh avant de franchir le Litani et de prendre position dans les anciens bastions des miliciens chiites aux côtés des quelque 2.000 casques bleus de la Finul ancienne formule. Parallèlement, les forces israéliennes se retirent progressivement du pays du Cèdre. La veille, le gouvernement libanais, où siègent deux représentants du Hezbollah, avait décidé de déployer 15.000 soldats entre le Litani et la "ligne bleue", qui délimite la frontière entre le Liban et l'Etat juif. Un nombre similaire de casques bleus, membres d'une future "Finul renforcée" placée vraisemblablement sous commandement français, devrait à terme prendre position au Sud-Liban. Le gouvernement de Fouad Siniora a fait savoir que son armée n'autoriserait pas la présence d'un quelconque groupe armé. Mais le communiqué officiel publié à Beyrouth ne dit rien sur un retrait des combattants du Hezbollah. UNE QUESTION CRUCIALE Il passe aussi sous silence les tirs de roquettes sur le nord d'Israël, qui sont en partie à l'origine du récent conflit. Le Parti de Dieu, soutenu par l'Iran et la Syrie, a promis de coopérer avec l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban. Mais il a fait savoir que ce n'était pas le moment d'évoquer son désarmement. Au siège new-yorkais de l'Onu, Tzipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères, a demandé aux casques bleus de la Finul de faire respecter l'embargo sur les armes pour empêcher les combattants du Hezbollah de se réapprovisionner auprès de Damas et de Téhéran. Pour elle, cette mesure revêt un intérêt crucial pour la région, et l'armée libanaise ne peut pas le faire seule. Kofi Annan, secrétaire général de l'Onu, va dépêcher au Liban et en Israël deux émissaires de haut rang pour discuter de la mis en oeuvre sur le terrain de la résolution 1701. La France a annoncé qu'elle était prête à assurer le commandement d'une Finul bis, mais à condition qu'elle soit dotée d'un mandat clair et d'une puissance de feu suffisante. Plus de 200.000 civils libanais déplacés par les combats et les bombardements ont déjà regagné le Sud sans attendre que Tsahal évacue les poches de territoire sous son contrôle. La région connaît depuis le début du cessez-le-feu, mardi matin, des embouteillages monstres sur les routes défoncées par les bombardements. On estime que la guerre, qui a éclaté le 12 juillet après l'enlèvement à la frontière de deux soldats de Tsahal par le Hezbollah, s'est soldée par la mort de plus de 1.110 Libanais et de 157 Israéliens.