Après le drame vécu par Amina Filali contrainte d'épouser son violeur (cf article), Yabiladi a interrogé une juriste pour décrypter les textes juridiques. Au delà du cas du viol et du mariage forcé de mineur, nous avons voulu savoir si le code pénal marocain évoquait clairement la pédophilie et s'il punissait sévèrement les pédophiles. Décryptage avec Michèle Zirari-Devif. C'est sur son profil Facebook qu'Ahmed Réda Chami, actuellement député de l'USFP à Fès, a demandé hier aux partis politiques de réfléchir à la manière de mieux protéger les jeunes victimes de viol et de pédophilie. L'ancien ministre de l'Industrie et du Commerce propose de changer les articles de loi qui empêchent le violeur d'échapper à la prison. Avec le viol de mineur et le mariage forcé, les autres grands fléaux qui touchent les enfants marocains sont la prostitution et la pédophilie. On se souvient en juin dernier l'intervention peu convaincante de l'ex-ministre de la famille Nouzha Skalli sur la chaîne France 24 durant laquelle elle avait lancé «si c'est le mot pédophilie qui vous manque on peut l'ajouter, ce n'est pas ça qui va changer la situation.». L'ancienne ministre n'avait pas tort : le mot pédophilie n'existe pas dans le code pénal. Mais cela n'empêche pas que les actes pédophiles sont punis dans la loi marocaine. Le terme pédophilie absent du code pénal «Le code pénal n'emploie pas le terme de pédophilie mais il sanctionne les attentats à la pudeur et les viols notamment dans les articles 484 et les articles suivants. La minorité de la victime ainsi que le lien de parenté avec l'auteur des attentats ou des viols sont des circonstances aggravantes. De nombreuses dispositions du code pénal sont consacrées à la protection des enfants. Pour n'en citer que quelques unes et sans prétendre à l'exhaustivité : sanction des violences et privations à enfants (article 408), de l'attentat à la pudeur sans violence (article 484), aggravation des sanctions du viol et de l'attentat à la pudeur avec violence lorsque la victime est un mineur (article 487), punition de la corruption de la jeunesse (article 497), de l'exploitation de mineurs pour la pornographie (article 503-2).», liste Michèle Zirari-Devif.