Dans une étude publiée début mai en préprint, des chercheurs marocains ont établi une cartographie des différentes souches du SARS-CoV-2, évoquant ainsi ces mutations par répartition géographique. Pour eux, ces nouvelles mutations doivent être prises en compte lors du développement de vaccins. Et si le nombre d'infection au nouveau coronavirus, variant d'un pays à l'autre, ainsi que les taux de létalité différents ne dépendaient pas uniquement des mesures mises en place pour endiguer cette pandémie, mais aussi du virus lui-même ? Telle est l'hypothèse d'un groupe de chercheurs marocains qui ont analysé des mutations de génomes du virus SARS-CoV-2, en se basant sur les différentes souches en circulation. Dans une étude non encore évaluée par les pairs scientifiques, ces chercheurs marocains du laboratoire de biotechnologie de l'université Mohammed V Rabat se sont intéressés aux mutations des génomes du virus SARS-CoV-2, responsable de la pandémie du nouveau coronavirus. Ils ont établi une cartographie des différentes souches dudit virus ainsi que des mutations avec une répartition géographique. «Une analyse génomique à grande échelle de 3 067 génomes du SARS-CoV-2 révèle une géo-distribution clonale et de riches variations génétiques des mutations des hotspots», écrivent les chercheurs marocains. Ils précisent que «l'Espagne, l'Italie et les Etats-Unis contiennent un nombre élevé de mutations spécifiques qui peuvent être à l'origine d'une transmission rapide, en particulier aux Etats-Unis». «Ces mutations spécifiques peuvent également être corrélées avec la condition critique en Italie et en Espagne», analysent-ils. De nouvelles mutations à prendre en compte L'étude ambitionne ainsi d'ouvrir de nouvelles perspectives pour «déterminer si l'une de ces mutations fréquentes entraînera des différences biologiques et leur corrélation avec différents taux de létalité». Les chercheurs marocains ont identifié dix mutations dans six des gènes du virus avec des fréquences élevées d'allèles mutés, puis mis en évidence une «augmentation de l'accumulation de mutations au fil du temps». Cela a révélé l'existence de trois clades (groupe d'organismes, vivants ou ayant vécu, comprenant un organisme particulier et la totalité de ses descendants) majeurs dans différentes régions géographiques. «Enfin, l'étude nous a permis d'identifier des haplotypes (ensemble de gènes situés côte à côte, ndlr) spécifiques par localisation géographique et fournit une liste de sites sous pression sélective qui pourraient constituer une piste intéressante pour de futures études», notent-ils. «Le taux de mutations se traduit par une évolution virale et une variabilité du génome, permettant ainsi aux virus d'échapper à l'immunité de l'hôte, ainsi qu'aux médicaments. Les premières données publiées suggèrent que le SARS-CoV-2 est génétiquement stable, ce qui peut augmenter l'efficacité des vaccins en cours de développement.» Extrait de l'étude Ainsi, l'étude sur la variation génomique du SARS-CoV-2 s'avère «importante pour l'étude de la pathogenèse, de l'évolution de la maladie, de la prévention et du traitement de l'infection par le SARS-CoV-2». Les chercheurs marocains, qui rappellent l'impact de l'environnement, de l'hôte et du nombre de générations sur l'évolution de ce virus, suggèrent enfin que «ces nouvelles mutations doivent être prises en compte lors du développement d'un vaccin utilisant les séquences protéiques ORF1ab comme cible thérapeutique». Bilan Coronavirus dans le monde 259 465 151 Contaminations 5 174 661 Décès 235 366 205 Guérisons 53.8% de la population mondiale vaccinée