Au Maroc, la crise sanitaire du nouveau coronavirus donne naissance à plusieurs défis. L'après coronavirus pourrait voir une accentuation de l'autoritarisme mais aussi de la précarité sociale. La crise sanitaire internationale liée à la pandémie du coronavirus a entraîné une série de bouleversements. Au Maroc, l'état d'urgence sanitaire, le confinement et nombre de décisions prises pour gérer la crise et freiner la propagation du virus ont eu un réel impact sur la population et la vie de la cité. Pour le chercheur en médias, communication et culture Abderrahim Chalfaouat et la post-doctorante à la Fondation Gerda Henkel, Giulia Cimini, cette crise a établi de nouvelles normes autoritaires dans le royaume, tout en aggravant la situation financière de ses habitants les plus vulnérables. Dans un article publié par le Think tank basé à Washington Carnegie Endowment for International Peace (CEIP), les deux chercheurs expliquent que l'un des changements intervenus avec la crise de Covid-19 est lié à la façon dont les politiciens du royaume ont réagi à la situation. Alors que la plupart des mesures initiales ont été menées par le roi Mohammed VI, «les acteurs politiques se sont abstenus de jouer un rôle de premier plan», explique-t-on. «Ils montrent un soutien total aux démarches royales, d'une manière opportuniste, pour éviter la responsabilité en cas d'échec des politiques du souverain», poursuivent les deux chercheurs, se référant au fonds spécial lancé pour collecter des dons et gérer la pandémie, ainsi que la demande adressée à l'armée afin d'aider la médecine civile à combattre ce virus. Accroissement des inégalités au Maroc Pendant ce temps, la propagation du virus a creusé les inégalités dans le royaume. Après la mise en place du confinement préventif puis la déclaration de l'état d'urgence sanitaire, les travailleurs vulnérables se sont retrouvés avec des ressources très limitées. «Les mesures restrictives affectent les franges fragiles de la population», ont souligné les chercheurs, ajoutant que «dans l'urgence, plus de vulnérabilité et de disette attendent les intérimaires, les marchands ambulants et tous ceux de l'économie informelle qui représente plus de 20% du PIB». La situation peut être plus difficile pour les populations vulnérables pour qui «le confinement à domicile, la distanciation sociale et une hygiène adéquate sont des luxes qu'ils ne peuvent se permettre», a ajouté la même source. Le fait de devoir faire face à la crise du coronavirus a également décliné les discours sur «la responsabilité, la transparence et la démocratisation». Alors que les déclarations officielles des autorités étaient remplies d'«appels» à la responsabilité, «il manque un débat plus large sur les acteurs politiques habilités à assurer la sécurité, sur ce que signifie 'sécurité' dans ce contexte et pour qui s'adresse-t-elle», estiment les chercheurs. Au milieu de cette situation, l'étude rappelle que certaines voix ont même salué «la sécurisation et la violence policière», pour ceux qui rompent le confinement et violent l'urgence sanitaire. Si la lutte contre la pandémie a donné naissance à un certain nombre de défis, la prochaine période reste «cruciale» pour le Maroc qui pourrait connaître de «nouveaux progrès vers la transition démocratique», espèrent toutefois les deux chercheurs. Bilan Coronavirus dans le monde 259 465 151 Contaminations 5 174 661 Décès 235 366 205 Guérisons 53.8% de la population mondiale vaccinée