Professeur universitaire et chef de département du prestigieux Imperial College London, son nom est associé à une recherche prometteuse qui veut combattre le cancer à travers des virus bactériens. Expert en virologie, Amin Hajitou fait partie des experts consultés quant au nouveau coronavirus. Expert de renommée internationale dans la recherche scientifique en lien avec les virus, le docteur Amin Hajitou est né en 1968, dans la ville de Zeghanghane, près de Nador. Mais c'est dans la région de Sefrou et Fès où sa famille s'établit qu'il fréquentera l'école primaire et secondaire. Aujourd'hui professeur universitaire et chef de département du prestigieux Imperial College London, le Marocain a toujours eu un penchant pour les virus. «J'ai d'abord fréquenté la Faculté de Fès avant de partir en France pour un diplôme d'études supérieures à l'Université Paul Sabatier à Toulouse. Après cela, je suis parti en Belgique pour un master en biochimie à l'Université de Liège, car je voulais travailler dans un laboratoire et dans la recherche en biologie», confie-t-il à Yabiladi. «J'ai toujours été fasciné par les virus. Mon sujet de mémoire en France était sur le virus d'Epstein-Barr (EBV), responsable de la mononucléose. En Belgique, j'ai travaillé sur les rétrovirus, comme le VIH.» Amin Hajitou Combattre les cancers par des virus biologiques C'est d'ailleurs en Belgique où il prépare son doctorat d'Etat en biochimie, en travaillant sur un projet européen de virus. Il commencera ainsi à s'intéresser aux virus bactériens et leur utilisation dans les thérapeutiques. «Je prenais des virus, je les modifiais génétiquement puis je l'intégrais dans une cellule hôte cancéreuse d'un animal. J'ai fait cela pendant six ans», nous explique-t-il, en simplifiant le jargon scientifique. Amin Hajitou publie aussi des recherches et études sur la virothérapie et son apport pour le traitement du cancer du sein, grâce auxquels il reçoit une première distinction, en 2001. Professeur à l'université de Liège et jeûne chercheur à l'époque, il opte pour une formation postdoctorale au MD Anderson Cancer Center, l'un des plus grand centre de recherches aux Etats-Unis, implanté au Texas. «C'était très compétitif. Le fait que quelqu'un réussisse là-bas pouvait changer un curriculum et une carrière», explique-t-il. C'est au sein de ce centre que l'expert marocain travaille sur les virus bactériens, qui «ne nuisent pas à l'Homme et [qui] étaient proposés aux personnes malades avant la découverte des antibiotiques pour combattre les infections bactériennes». Il commence ainsi à développer cette technologie qu'il dirige vers les cancers. «Le premier virus de ce type que j'ai développé est sous essai clinique par une entreprise qui se terminera fin 2020 ou début 2021. Il a déjà été testé sur des animaux domestiques», nous informe-t-il fièrement. En 2007 de retour en Europe, il intègre l'Imperial College London, chargé actuellement, dans le cadre de la pandémie mondiale, de «conseiller le gouvernement britannique quant aux mesures à prendre face au nouveau coronavirus». Il continuera à travailler sur la recherche scientifique tout en donnant des cours de médecine. Le coronavirus, la recherche scientifique et les mesures barrières En août 2015, le Marocain avait reçu un Wissam du roi Mohammed VI. «C'était un grand honneur, qui m'est venu à une époque spéciale. La vie, ce sont des hauts et des bas. Ainsi, c'était pour moi un boost, une motivation et un nouveau souffle», reconnaît-il. Amin Hajitou, dont le nom est associé à plusieurs recherches sur les virus, est aujourd'hui également professeur distingué en Thaïlande. Il a en effet reçu une distinction du gouvernement thaïlandais, après que l'un de ses étudiants, originaire de ce pays, a décroché le prix de la meilleure thèse concernant un vaccin pour un type de cancer touchant la vésicule biliaire. Alors que le monde fait face actuellement à la pandémie du nouveau coronavirus, l'enseignant et expert espère que «les virus bactériens arrivent en tests cliniques sur des humains pour combattre des cancers», rappelant leurs autres applications, comme les vaccins et laissant la porte ouverte à des recherches concernant le coronavirus. «Lorsqu'un type de cette même famille est apparu en 2002 puis a été éradiqué, la recherche scientifique, qui devait nous apporter des réponses aujourd'hui, s'est arrêtée nette», déplore-t-il. Il salue, par ailleurs, l'action du Maroc depuis le début de cette pandémie. «J'ai remercié Dieu, car je craignais qu'il se passe la même chose qu'au Royaume-Uni ou en Italie. La propagation du virus reste bien contrôlée au Maroc, si nous le comparons à d'autres pays», se félicite-t-il. «C'est important de mettre en place des mesures pour endiguer la propagation. Il n'y a pas encore de médicaments et un vaccin peut prendre des années. La solution pour le moment reste la recherche scientifique ainsi que les mesures barrières», insiste-t-il. Article modifié le 2020/05/09 à 17h27