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Diaspo #137 : Saïd Tichiti, maestro de la musique amazigho-hassanie en Hongrie
Publié dans Yabiladi le 28 - 03 - 2020

Cela fait 22 ans que le musicien et chanteur Saïd Tichiti vit à Budapest. En Hongrie, ce natif de Guelmim est incontestablement l'ambassadeur de la musique marocaine, aux influences amazighes, gnaouies et hassanies.
Depuis des générations, la ville de Guelmim est connue pour ses traditions musicales, avec des textes des compositions influencées de l'amazigh, de l'arabe et du hassani. C'est dans cette richesse artistique, linguistique et culturelle que Saïd Tichiti est né et a grandi. Chez ses aïeux, les chants ancestraux sont en effet une affaire de famille.
«Mon père jouait dans les groupes de ganga et ma mère dans les formations berbéro-hassanie de guedra ; mes parents ont donc été ma première école artistique», nous confie fièrement Saïd Tichiti. Mais cette affaire de famille n'est pas seulement l'affaire des grands. En effet, même les enfants y participent. «Mes cinq autres frères aînés étaient eux aussi très actifs dans la musique, même s'ils étaient plus influencés par Nass El Ghiwan et les Beatles, dans les années 1970», souligne l'artiste. Ses quatre demi-sœurs, deux de chacun des parents, enrichissent aussi l'univers artistique de la famille, en évoluant dans des groupes féminins de musique et de dance traditionnelle.
C'est dans ce bouillonement artistique que Saïd Tichiti a appris la percussion et le chant dès sa plus tendre enfance. A l'école maternelle, il anime les fêtes et les après-midis musicales, joue de certains instruments. Le fait d'être né et d'avoir grandi dans une ville aussi artistique lui a été d'une grande richesse : «Guelmim est une ville très éclectique, historiquement, socialement et musicalement. Elle s'enrichit de sa diversité tribale et linguistique.»
«Nous avons grandi dans une cohabitation et une fusion extraordinaire, où notre identité est une réelle mosaïque. Dans un même quartier, nous côtoyions des voisins amazighophones, qui habitaient en vis-à-vis avec des familles entièrement arabophones et d'autres hassanies, mais nous nous comprenions tous et nous vivions en parfaite harmonie, sans nous poser de questions.»
Sur le chemin des aïeux mais au-delà des frontières
Après son baccalauréat, Saïd Tichiti s'est installé à Rabat en 1991 pour ses études supérieures. Sur les bancs de l'Institut supérieur des arts dramatiques et de l'animation culturelle (ISADAC), il côtoie Saïd Bey, Driss Roukh, Samia Akariou, Salima Benmoumen ou Latefa Ahrrare. Une énergie artistique se crée et malgré la différence de niveaux d'études, Saïd Tichiti est coopté par les artistes, pour une tournée de comedia dell'arte. Il nous en raconte les coulisses :
«Je n'étais pas prédestiné à monter sur scène en tant que comédien. D'ailleurs, je me suis spécialisé en animation culturelle à l'ISADAC. Mais la sixième promotion, dont Latefa Ahrrare a fait partie, avait besoin de moi pour remplacer un comédien. Nous avons fait deux ans de tournée. C'était une très belle période de ma vie.»
A l'ISADAC, Saïd Tichiti exprimait aussi ses talents en cuisine. Avec amusement, il nous raconte avoir été «le cuisinier attitré pour la soupe aux lentilles et aux haricots blancs, auprès de [ses] camarades», dans une école située à ce moment là en bas des Oudaya, face à la rivière du Bouregreg.
Son diplôme de l'ISADAC en poche, Saïd Tichiti quitte le Maroc en 1996, pour un troisième cycle en France, grâce à une bourse de l'Etat français.
Ph. Biljarszki Dániel
Un point de passage vers Budapest
A Paris, Saïd Tichiti suit un cursus en Politique culturelle et action artistique. «J'ai eu une grande chance car j'ai côtoyé des étudiants étrangers venus de partout. J'habitais dans une cité universitaire où il y avait une ambiance cosmopolite, où se côtoyaient 112 nationalités», s'émerveille-t-il encore aujourd'hui.
«Je consommais de la culture cosmopolite jour et nuit ! Nous étions un groupe venu d'Amérique latine et d'Afrique, nous nous rendions plusieurs fois par semaine au cinéma et au théâtre. Je n'ai pas évolué dans un environnement principalement franco-français», souligne-t-il. Saïd Tichiti s'enrichit également de ses voyages professionnels, qui l'ont mené au Canada, au Parlement européen, ou encore au Festival d'Avignon.
C'est en France également que Saïd Tichiti rencontre sa future épouse, une étudiante hongroise. Son Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en poche, ils s'installent à Budapest, en 1998. L'artiste y découvre un nouvel univers. «Je n'avais jamais envisagé de vivre en dehors du Maroc, mais mon destin m'a conduit en Hongrie. Je suis tombé amoureux de Budapest dès le premier jour, mais j'ai eu un choc culturel en arrivant», nous confie-t-il.
La barrière de la langue a mis un peu de temps pour ne plus être un obstacle. «C'était difficile pour moi de m'adapter à la langue hongroise, au début de mon séjour», reconnaît l'artiste. C'est finalement le théâtre qui le rattrape une nouvelle fois, et lui permet d'accélérer son apprentissage, puisqu'il a été amené à interpréter des rôles sur la scène locale.
«Le fait d'avoir beaucoup d'amis a accéléré mon intégration. Avec la naissance de mes deux enfants, j'ai excellé dans l'hongrois puisque je le parlais encore plus avec eux !»
Une carrière musicale en Hongrie
Dans la capitale hongroise comme ailleurs dans le pays, Saïd Tichiti est frappé par la manière dont la population, même peu aisée, donne une importance centrale à l'éducation artistique et sportive dès l'enfance. Dans une ville aussi ouverte et diversifiée au niveau culturel, l'artiste marocain nous raconte avoir rapidement trouvé sa place.
«En tant que musicien, c'était facile pour moi de trouver des artistes ouverts à différents genres et capable d'adhérer à mon univers musical traditionnel», raconte encore Saïd Tichiti, qui a côtoyé sur place des musiciens classiques et de jazz, ayant rapidement adhéré à son style amazigho-hassani. C'est ainsi qu'à peine deux ans après son arrivée en Hongrie, il crée en 2000 son groupe, Chalaban.
Constitué d'une palette d'artistes de différentes nationalités, Chalaban se veut comme le vecteur d'une éducation musicale ancestrale, que Saïd Tichiti a développée depuis l'enfance.
«Je ne me contente pas de jouer de la musique et de saluer mon public, avant de disparaître. Je crée une conversation avec ce public, je lui parle des origines de ma musique, de ma ville natale. Mes prestations sont des parties musicales, ponctuées de mini-conférences.»
Chalaban est rapidement devenu un groupe de référence dans un style musical catégorisé en Hongrie comme arabe et Nord-africain. «Pour notre premier concert, le directeur de l'Institut français à Budapest de l'époque nous avait proposé de jouer la première partie d'un concert de Rachid Taha, il y a exactement 20 ans», se rappelle fièrement Saïd Tichiti.
Un concert qui marquera le début de la renommé. «Après ce concert, nous avons eu des invitations partout en Hongrie. Un an plus tard, nous sortions notre premier album.» Devenu une coqueluche de la scène musicale hongroise, Saïd Tichiti n'hésite pas à partager ce succès avec ses compatriotes, en invitant notamment des mâallem de musique Gnaoua. «Par le biais de mon travail, j'encourage les programmateurs hongrois à intégrer ces artistes à leurs événements», nous explique-t-il.
Grâce à Saïd Tichiti, le public hongrois découvre Mahmoud Guinea, Hamid El Kasri ou encore Othmane El Khaloufi. «Nous profitions aussi du ramadan lorsqu'il coïncidait avec d'autres fêtes religieuses, pour inviter des artistes de musique judéo-marocaine et des troupes tziganes de Hongrie, afin d'incarner le cosmopolitisme que nous vivons», se rappelle par ailleurs le leader de Chalaban.
Chalaban compte désormais six albums à son actif. Il prépare celui de son vingtième anniversaire. «Nous avions prévu une tournée de promotion pour nos 20 ans, mais à cause de la pandémie mondiale, il se pourrait que ces échéances soient repoussées à 2021», nous confie avec espoir Saïd Tichiti.


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