Au lendemain de l'arrestation vendredi 17 février d'Amine El Khalifi (cf notre article), accusé d'avoir voulu se faire exploser près du Congrès Américain, le Maroc a condamné fermement cette tentative d'attentat via un communiqué officiel. Derrière cette tentative manquée, ce sont tous les Marocains et Musulmans vivant aux Etats-Unis qui vont récolter les conséquences de cet acte. Un sentiment de déjà vu plane actuellement sur les Etats-Unis. Pour rappel, Amine El Khalfi, jeune Marocain âgé de 29 ans portait sur lui une veste d'explosifs et une arme, désactivées par des agents du FBI. Il espérait tuer une trentaine de personnes mais il s'est fait arrêté avant même d'atteindre le parking du bâtiment officiel. Le FBI le suivait en filature depuis un an. D'ailleurs, le Washington Post a publié sur son site tout un dossier retraçant le parcours d'Amine El Khalifi. Condamnation du Maroc «Le Maroc condamne les idées extrémistes et leurs expressions en actes de violence (…) tout acte de violence s'inscrit en contradiction directe avec les valeurs fondamentales du Royaume du Maroc et de son peuple», dit le document officiel. «Le royaume est prêt à apporter «son soutien et son assistance aux autorités américaines au moment où ils mènent leurs investigations au sujet de cette affaire et demeure un partenaire stratégique et économique de premier ordre pour les Etats-Unis», ajoute le document officiel. Du côté des Etats-Unis, le premier politicien à avoir réagi et à avoir rappelé les rapports privilégiés qu'entretiennent le Maroc et les Etats-Unis est le Congressman Michael Grimm qui s'est dit «fier» que les deux pays partageaient des valeurs en commun. Sentiment de déjà-vu Cependant, malgré ces messages de condamnation, le mal est déjà fait. Les premières victimes qui vont subir de plein fouet la tentative d'attentat ratée d'Amine El Khalifi est la communauté marocaine vivant aux Etats-Unis et la communauté musulmane dans son ensemble, ce qui a été le cas après les attentats du 11 septembre 2001. Puis, il faut ajouter à cela les attentats à la bombe de 2003 à Casablanca et ceux de 2004 à Madrid, qui ont fait tomber des islamistes marocains. Ces trois grands évènements n'ont pas redoré le blason des Marocains qui se sont vus traqués par les forces de police, notamment dans la ville de New York où les 9000 Marocains de la ville étaient surveillés matin et soir dans leurs déplacements quotidiens. Paranoïa à l'américaine Abdellatif Fekkak a passé trois ans aux Etats-Unis de 2003 à 2006 en tant que Professeur chercheur à la prestigieuse Université de Georges Town à Washington D.C. Il a vécu l'après 11 Septembre en tant que Marocain. «Déjà qu'à cette époque les Américains avaient peur de tout ce qui était Arabo-musulman. Ils confondaient Islam et terrorisme. Mais aujourd'hui, cette tentative d'attentat va encore plus amplifier la peur et l'angoisse des Américains », déclare-t-il en ajoutant que le discours d'Obama du Caire prononcé en juin 2009, un discours censé réconcilier les Etats-Unis et le monde Arabo-musulman va tout simplement aller aux oubliettes. Avant même la divulgation à la presse des traques des Marocains de New York datant de septembre dernier, il se souvient qu'en 2003, un sentiment de paranoïa règnait à Washington et les endroits les plus surveillés étaient les mosquées. «Il était très risqué d'aller faire la prière à la mosquée. Lorsque je rencontrais des Marocains, ils me mettaient la pression pour aller manger le couscous du vendredi avec eux. Mais dès qu'on y va, tout se sait. Il y a des caméras de surveillance partout et tout individu est fiché par la suite. Ensuite, les choses peuvent aller très vite et des spéculations peuvent aller bon train sur votre compte», poursuit Abdellatif Fekkak, qui avoue ne plus s'être rendu dans une mosquée après qu'un collègue l'ait informé de ces fichages policiers. Comme cela a été le cas après le 11 septembre, Abdellatif Fekkak craint également qu'à l'avenir les autorités américaines ne délivrent plus facilement de papiers ou de permis de conduire aux communautés marocaine et musulmane afin de mettre la pression sur elles pour les faire quitter le pays. Il évoque également le fait que les associations ou les supermarchés vont couper les vivres et ne donneront plus de nourriture aux mosquées de Washington, des vivres distribués aux personnes étrangères démunies.