Le 11 septembre 2001, des attentats d'une ampleur inattendue frappaient la ville de New York. Cet événement, qui a causé la mort de près de 3.000 personnes, a eu des répercussions dans le monde entier mais surtout sur la communauté musulmane établie aux Etats-Unis. Ces attentats contre deux symboles phare de l'Amérique, les tours jumelles du World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, ont eu un impact direct sur la communauté musulmane américaine, qui s'est retrouvée assimilée du jour au lendemain aux mêmes milieux que les auteurs des attaques. Dix ans plus tard, la vie a repris pour cette communauté, qui représentant plus de 1 pc de la population Américaine, mais non sans séquelles. Ce constat est partagé par Najam I. Haider, professeur assistant de religion au Collège Barnard de New York, rattaché à l'Université de Columbia. D'après ce spécialiste de l'islam moderne, il ne faut pas minimiser le ressentiment envers les Américains musulmans. En effet, explique le professeur dans des déclaration, bien que ce ressentiment n'est exprimé ouvertement que par un groupuscule minoritaire aux Etats-Unis, force est de constater qu'il persiste dans l'inconscient collectif. "La communauté musulmane s'est longtemps sentie assiégée d'une certaine manière", a affirmé le professeur universitaire, en allusion à la "tension actuelle qui entoure tout ce qui est musulman sur le plan juridique, légal et sur la scène politique". Selon lui, les Américains ordinaires "n'ont pas de problème avec les musulmans, qui font partie intégrante de la société US, mais le problème actuel réside plutôt dans la rhétorique politique utilisant l'Islam comme objet de division". "Il y a des personnes qui disent aujourd'hui encore que le président Barack Obama est musulman (....) le fait d'utiliser ce terme pour discréditer une personne est inquiétant", a-t-il dit, en déplorant la connotation péjorative accolée à l'Islam depuis les attentats du 11 septembre. Et d'ajouter que le durcissement sécuritaire de l'après 11 septembre est devenu une grande source de préoccupation pour la communauté américaine musulmane "qui a de plus en plus le sentiment d'être visée comme cible plutôt que d'être considérée comme un partenaire de coopération". D'après un récent sondage du Centre Gallup Abu Dhabi, publié en août dernier, 48 pc des Américains musulmans affirment avoir été victimes de discrimination raciale ou religieuse, plus que tout autre groupe. Il ressort également de cette enquête, réalisée du 1er janvier 2008 au 9 avril 2011 auprès de 870.000 personnes toutes religions confondues, que seulement 63 pc des musulmans américains se sentent "respectés lorsqu'ils pratiquent publiquement leur religion". Si certains musulmans affirment qu'ils portent encore les stigmates des attentats du 11 septembre, d'autres estiment toutefois que la situation de la communauté musulmane s'est nettement améliorée au cours des dernières années. C'est le cas d'Omar Abu-Namous, Imam au Centre Culturel Islamique de New York, une organisation qui compte une mosquée avec minaret, dont la construction a été financée par des pays membres de l'ONU. A ses yeux, la vague de peur, d'hostilité et d'animosité, qui a suivi les attentats du 11 septembre, a cédé la place à une atmosphère "plus détendue". Au début, a-t-il indiqué, «la communauté musulmane a été stigmatisée: des personnes ont été tuées, d'autres ont perdu leurs emplois, d'autres encore ont fait l'objet d'enquêtes, ont été emprisonnés ou déportés, mais cela n'a pas duré longtemps". "Peu à peu, les gens ont commencé à oublier ce qui s'était passé et l'ambiance générale est revenue à la normale", a estimé l'Imam, de cette mosquée située au nord- de Manhattan. Abondant dans ce sens, un membre de l'antenne new-yorkaise du Cercle islamique d'Amérique du Nord (ICNA), une organisation créée en 1962, a estimé que la communauté musulmane, établie aux Etats-Unis en général et à New York en particulier, n'est plus la cible de discrimination aujourd'hui. "Je ne dirais pas que la communauté musulmane est particulièrement visée par la discrimination aujourd'hui aux Etats-Unis car c'est un pays qui embrasse la diversité. Des problèmes subsistent, mais c'est le cas dans toutes les sociétés", a affirmé Naeem Shamsi. De l'avis de cet Américain d'origine pakistanaise, les attentats du 11 septembre ont créé une onde de choc voire des sentiments de méfiance et d'insécurité, qui ont commencé à s'estomper grâce aux efforts de la communauté musulmane et des autorités américaines pour briser l'amalgame entre Islam et terrorisme. "Dix ans après les attentat du 11, l'Amérique a fait la paix avec ses musulmans. Il est vrai qu'il y a encore des groupes américains qui nous sont hostiles, mais ils ne représentent qu'une minorité", a-t-il conclu.