Des militants des droits de l'homme ont critiqué le rapport du Conseil national des droits de l'homme sur les manifestations d'Al Hoceima, le décrivant comme un «rapport des sécuritaires», qui viserait à «justifier les violations des droits de l'homme» contre les détenus du Hirak. Le rapport du Conseil national des droits de l'homme (CNDH) sur le Hirak du Rif, rendu public dimanche dernier, a déclenché une vague de controverses dans les milieux associatifs, certains ayant dénoncé un «rapport de sécuritaires». Ainsi, dans une déclaration à Yabiladi, le président de l'association Tafra pour la fidélité et la solidarité des familles des détenus du Hirak, Ahmed Zefzafi, a déclaré que ledit rapport est «pathétique». «Je ne sais pas si la présidente du CNDH l'a lu ou pas», ironise-t-il. Le père de la figure de proue du Hirak ajoute que «tous les points mentionnés dans le rapport sont loin de la vérité». «Mais nous sommes habitués à ce genre de rapports, qui protège le véritable agresseur et ignore ce qui s'est passé», fustige-t-il. «Dans le cas de Nasser Zefzafi par exemple, il a été arrêté ou plutôt kidnappé sur ordre du procureur du roi près la Cour d'appel d'Al Hoceima, en raison de l'accusation d'entrave aux rites religieux. Mais pourquoi d'autres charges lui ont-elles été ajoutées pendant son procès jusqu'à ce que la peine atteigne 20 ans ?», s'interroge Ahmed Zefzafi. Pour le président de l'association Tafra, «Amina Bouayach, depuis qu'elle siège à la présidence du Conseil national des droits de l'Homme, n'a pas rempli son rôle». «Nous demandons au conseil d'être neutre, même de seulement 10%», conclut-il. Pour sa part, Driss Sedraoui, président de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme (LMCDH), est catégorique. «Depuis la lecture initiale, il est très clair que ce document établit un précédent dans les rapports du CNDH, car il s'éloigne de la vérité et adopte le point de vue sécuritaire d'une manière claire.» Driss Sedraoui, LMCDH «Un rapport de sécuritaires» qui «confirme le rôle original du CNDH» Et le président de la LMCDH de considérer que «ce rapport répond à un ensemble d'observations formulées par un certain nombre d'activistes des droits de l'Homme». «Ces derniers ayant affirmé que le Hirak était un mouvement pacifique, le CNDH y a finalement rattaché le caractère de la violence à travers ce rapport», critique-t-il. Driss Sedraoui ajoute aussi que «le rapport contient des erreurs professionnelles et méthodologiques», et que «les recommandations qu'il a formulées ne sont pas claires, et loin de tout ce qui est en lien avec les droits de l'Homme». «C'est un rapport plutôt politique», conclut-il. De son côté, Khadija Riyadi, ancienne présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) et membre de son actuel bureau, a considéré que ce rapport «ne mérite pas d'être commenté». «C'est un rapport de sécuritaires qui reprend ce qui a été écrit dans les rapports de police et qui ment, en plus du fait qu'il contient des erreurs et des inexactitudes», ajoute-t-elle avant de rappeler qu'«Amina Bouayach elle-même avait déclaré qu'elle ne reviendrait pas sur ce rapport». «C'est un document qui reste loin d'un rapport sur les droits de l'homme. C'est un rapport policier et makhzanien qui confirme le rôle original du Conseil national pour les droits de l'homme ; celui de blanchir les violations, de défendre l'autorité, de masquer et d'induire en erreur.» Khadija Riyadi Et la militante de dénoncer un document «ciblant les détenus et niant la torture» et qui «justifie les violations des droits humains qu'ont subies les détenus du Hirak». Hirak : Le CNDH exhorte l'Etat à enquêter sur «des cas de torture et de traitements inhumains» Dimanche soir, le CNDH a publié un résumé de son rapport sur les événements du Hirak du Rif qui se sont déroulés entre octobre 2016 et mars 2017, où il considère tous les droits ont été respectés lors du procès et met l'accent sur les violences ayant touché les forces de l'ordre durant ces événements. Le rapport, dont les auteurs affirment que l'isolement pour les détenus n'est pas une forme de torture et que les détenus n'ont pas été victimes de violations des droits de l'Homme, appelle toutefois à publier les résultats des enquêtes relatives aux allégations et exhorte l'Etat à enquêter sur certains cas.