Dans son rapport annuel, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance a fait état d'évolutions alarmantes des politiques ultranationalistes et xénophobes eu Europe l'année dernière. Le document dénonce aussi l'exclusion et la discrimination à l'égard des musulmans du Vieux continent. L'influence croissante des politiques ultranationalistes et xénophobes en Europe, un discours de haine qui donne le ton sur les réseaux sociaux, une islamophobie et un antisémitisme rampants… Dans son rapport annuel 2019 publié jeudi, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) a fait état d'évolutions alarmantes concernant ces questions. Cet organe d'experts indépendant du Conseil de l'Europe chargé de combattre le racisme et l'intolérance a constaté, durant les élections au Parlement de l'Union européenne, une «nouvelle augmentation des partis ultranationalistes dans certains pays». Le rapport note qu'un nombre croissant de partis politiques traditionnels adoptent «des politiques restrictives en matière de migration et d'intégration» qui étaient jusqu'ici associées aux partis ultranationalistes. «Les différentes campagnes électorales de 2019 ont également montré que les discours de haine ultranationalistes, xénophobes, racistes et homophobes / transphobes étaient à nouveau en augmentation. Dans de nombreux cas, ils donnaient même le ton sur les réseaux sociaux», regrette le rapport. Et de faire état de «remarques insultantes et dégradantes à propos de membres de groupes minoritaires qui auraient été jugées inacceptables par le passé [mais qui] peuvent désormais être fréquemment rencontrées sur Internet». L'exclusion et la discrimination à l'égard des musulmans Des discours qui s'en prennent aussi aux migrants. D'après le rapport, «même s'il n'y a aucune preuve que l'arrivée et l'intégration des migrants sur les marchés du travail nationaux entraînent une réduction des droits sociaux, les nationalistes xénophobes continuent d'avancer l'argument inverse». Cela contribue à «un sentiment croissant d'insécurité dans certaines parties de la population» européenne. La même source dénonce également le «nationalisme xénophobe» qui «continue à s'exprimer sous diverses formes d'islamophobie, décrivant fréquemment l'islam comme une religion étrangère à la culture et à l'identité nationales de nombreux Etats membres». «Une telle rhétorique n'est souvent que le premier pas vers l'exclusion et la discrimination à l'égard des musulmans, ce qui contraste fortement avec l'universalité des droits de l'Homme. Cela contribue également à rendre les musulmans portant des signes visibles de leur religion particulièrement vulnérables à l'intolérance, aux discours de haine et même à la violence motivée par la haine.» Rapport ECRI Le rapport ajoute que dans de nombreux cas, la discrimination intersectionnelle aggrave encore la situation, par exemple pour les musulmans noirs ou les femmes musulmanes. Ses rédacteurs font aussi état d'une hausse des actes antisémites en 2019. «L'Europe est confrontée à une terrible réalité : les actes de violence inspirés par l'antisémitisme, la haine à l'égard des musulmans et les autres formes de haine raciale se multiplient à un rythme alarmant», a déclaré la secrétaire générale du Conseil de l'Europe, Marija Pejčinović Burić. Citée par le site du Conseil de l'Europe, elle a plaidé pour la fin de la «propagation des propos toxiques d'extrémistes racistes qui portent atteinte aux fondements mêmes» des démocraties européennes.