A l'image de l'arnaque relative aux ventes pyramidales, un groupe de Marocains s'est retrouvé victime d'une bande organisée, les ayant incité à investir plusieurs milliers de dirhams via un site «russe» de trading et de crypto-monnaies, avant de disparaître dans la nature. Placer de l'argent dans un investissement avec des gains mensuels garantis. Telle est la promesse alléchante proposée sur le site profitinvest.org, où plusieurs dizaines de Marocains ont été flouées, par trois Casablancais : Abdelaziz H., Larbi S. et Issam S. Tout à commencer par une opération de recrutement de clients au Maroc initiée par ces trois jeunes, n'hésitant pas à faire appel à leurs contacts personnels pour étoffer la base de données. «C'était un ami qui a travaillé avec moi auparavant. Je n'imaginais pas qu'il pouvait me faire un coup pareil et donc, j'ai fait confiance non pas au site, mais plutôt en mon ami», nous déclare ce jeudi Zakaria, l'une des victimes de cette arnaque. «Je connaissais personnellement l'un d'eux, qui a travaillé avec moi. Il m'a également approché en me vendant l'image d'un site russe qui permet de réaliser des bénéficies sûrs et garantis», assure Anass, une deuxième victime jointe par Yabiladi. Sourriez, vous êtes arnaqués ! Le site profitinvest.org se targue d'être une plateforme destinée à ceux qui recherchent «un investissement fiable et rentable». «Les fonds sont investis dans le trading et les crypto-monnaies (pourtant interdit au Maroc, ndlr.) afin d'obtenir des bénéfices garantis sur une base mensuelle, avec un pourcentage qui est fonction du montant investi», promet-il. Et d'assurer que le site dispose d'une «équipe de négociation expérimentée», d'une «protection DDoS solide», de «transaction sécurisée» et surtout d'un «support 24/7». Beaucoup de promesses pour un site dont le nom de domaine n'a été créé que le 13 septembre dernier. Sur sa mésaventure, Zakaria raconte que «le site exigeait un minimum de 600 dirhams (60$) pour un profit garanti à la fin de chaque mois». «Il propose un gain journalier avec un bénéficie à la fin de chaque mois. Plus le montant est important, plus les bénéfices sont conséquents à la fin du mois», explique-t-il. Le premier mois, il avait ainsi investi 1 500 dirhams pour tester. «J'ai gagné, le premier mois, 3 000 dirhams. Mais avec le recul, j'ai compris que c'était le meilleur moyen pour nous manipuler afin qu'on investisse encore plus le mois suivant, jouant sur la cupidité de l'être humain», regrette-t-il. Ainsi, une fois qu'il avait retiré les premiers bénéfices, son «ami» l'invite à miser une plus grande somme. «J'ai investi 10 000 dirhams, une somme qui devait me garantir un bénéfice net de 8 500 dirhams», croyait-il. A Anass, l'arnaqueur propose un premier investissement de 3 500 dirhams au début. «Ensuite, il m'a suggéré de ne pas retirer mes bénéficies et d'augmenter le montant, en investissant 5 000 dirhams additionnels pour atteindre 10 000 dirhams, ce que j'ai fait», déplore-t-il. Des promesses... made in Russia Ce n'est que durant ce mois de février que plusieurs centaines de Marocains ont découvert qu'ils ont été tout simplement victimes d'une arnaque. «On nous a vendu du rêve, en nous assurant que ce site était russe. L'un des arnaqueurs semblait douer en informatique, tandis que les deux autres, dont mon 'ami' se chargeaient de recruter des clients», confie-t-il, toujours aussi remonté. «Nous avons découvert l'arnaque lorsqu'un message est apparu sur la plateforme, avec des bénéfices au nom de l'un des trois arnaqueurs. Cela a ravivé les suspicions et tout le monde voulait retirer son argent, sauf que ce n'était pas possible.» Anass En réalité, le site Profitinvest qui n'a aucun attribut d'une société sérieuse (ni adresse postale, ni numéro d'identifiant de société). Les arnaqueurs marocains gagnaient de l'argent sur les dépôts de leurs filleuls, c'est à dire les victimes. Une arnaque qui s'apparente à un système de pyramide de Ponzi. L'amertume, la déception et la prise de conscience de l'arnaque pousseront ainsi les victimes à se mobiliser en se regroupant. «On est 200 personnes dans différentes villes marocaines», informent Zakaria et Anass. «Une femme à Meknès a même investi 90 000 dirhams, tandis qu'un Casablancais a perdu 50 000 dirhams», complète le premier. Et les arnaqueurs ? «Leurs téléphones sont éteints et ils ne répondent plus à nos messages et nos relances», précise-t-il. Et Anass d'ajouter : «Nous nous sommes même rendus dans leurs maisons. Mais ils avaient fuit, d'après leurs familles.» Ce mercredi, plusieurs victimes casablancaises de ce réseau ont déposé une plainte devant le procureur du roi près le tribunal de première instance d'Ain Sebaâ. Craignant que les trois suspects puissent quitter le territoire, ils ont opté pour une plainte en référé. «Nous devons retourner vendredi à la Wilaya de police de Casablanca pour que les choses s'accélèrent», assure l'une des victimes, qui tenteront de déposer des plaintes collectives dans chaque ville du royaume. «Même si mon argent est perdu, je serai content de les voir arrêtés par les autorités», lance Zakaria, avec l'espoir que ses trois arnaqueurs paient pour leurs méfaits.