Bien avant le Maroc, l'Algérie a procédé en avril 2018 à la délimitation de ses frontières maritimes. Dans le temps, ce geste n'a soulevé aucune réaction de l'Etat espagnol. Un deux poids, deux mesures comparé au cas du royaume. Le passage, mercredi dernier, de la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha González Laya à la Chambre des représentants a permis de mettre la lumière sur une décision de l'Algérie de délimiter ses frontières maritimes. En effet, un décret présidentiel d'avril 2018 a institué en Algérie une zone économique exclusive, ce qui pourrait affecter la souveraineté espagnole sur les eaux de l'archipel Baléares, et précisément le parc de Cabrera, dans l'île de Majorque. Une zone qui serait riche en hydrocarbures. «Nous ne sommes pas d'accord et nous l'avons porté à leur connaissance (de l'Algérie)», a martelé la cheffe de la diplomatie espagnole à la Chambre basse. «Contrairement au Maroc, qui n'a manifesté que son intérêt pour la délimitation de ses eaux, l'Algérie a déjà présenté sa vision et sa façon de les délimiter», a-t-elle précisé devant les députés. Deux poids, deux mesures La ministre a révélé que presque deux ans après la décision algérienne, il n'y a pas eu de négociations entre les deux parties, conformément à la Convention des Nations unies sur le de droit de la mer. Arancha González Laya prévoit justement de se rendre, le 26 février, à Alger pour aborder ce dossier avec son homologue Sabri Boukadoum. Bien qu'il soit difficile de croire que l'Etat espagnol, ses services de renseignements et ses diplomates n'ont pas eu vent de la décision de l'Algérie, il est toutefois étonnant de voir que le projet algérien est passé complètement inaperçue. Les gouvernements de Mariano Rajoy et de son successeur, Pedro Sanchez, ont observé le silence sur ce dossier. Même les formations politiques ont également adopté la même posture. A titre d'exemple, le parti d'extrême droite Vox, pourtant très à cheval sur les questions de souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Espagne, a préféré regarder ailleurs. Un silence général et généralisé qui n'est pas sans soulever des interrogations. Ce silence tranche surtout avec les réactions hostiles au projet marocain de délimiter ses frontières maritimes. Pour mémoire, la ministre des Affaires étrangères a effectué une visite au Maroc le 24 janvier pour examiner avec son homologue marocain la question des frontières maritimes. Le président des Iles Canaries et les partis locaux ont mené, depuis le 16 décembre, une campagne contre le royaume. Le 19 février, une députée de Coalition Canarias a, d'ailleurs, soulevé le même sujet alors que son collègue l'eurodéputé Gabriel Mato est allé plus loin, appellent l'Union européenne à intervenir «contre une attaque visant l'intégrité territoriale d'un Etat membre».