«Avec des choses simples, nous pouvons faire des miracles», a expliqué l'artiste marocain Abdelkader Belbachir, à l'origine d'une initiative qui a donné un nouveau look aux rues de la ville de Taourirt. Il y a une vingtaine de jours, l'artiste peintre Abdelkader Belbachir, originaire d'Oujda mais qui vit depuis des années à Taourirt, a décidé de donner sa touche aux rues de cette ville située à l'est du Maroc. «Alors que j'étais en route, j'ai aperçu un tas de vieilles chaises. J'ai voulu leur redonner une seconde vie», nous confie-t-il. C'est ainsi qu'il prend la décision d'insuffler une nouvelle vie à différents objets, le tout avec sa touche personnelle. Après avoir eu du succès auprès des habitants de la ville avec les chaises relookées, Abdelkader Belbachir s'est tourné, pinceaux à la main, vers les poubelles, les arbres, les murs et les passages piétons. «Choisir de transformer ces passages piétons en piano était voulu. Le but est de faire aimer cette partie de la route et sensibiliser sur son rôle primordial», précise-t-il. Quant à la décoration des poubelles, l'artiste estime qu'en plus de lui donner une touche esthétique, l'art «rend hommage aux éboueurs». Un message à la fois artistique et environnemental Mais avant de tremper son pinceau, l'artiste marocain a naturellement consulté le conseil de la ville et les responsables de l'entreprise chargée de la collecte des poubelles. «Ils n'ont pas hésité. Au contraire, ils ont salué l'idée et proposé de la généraliser, à l'avenir, dans tout le Maroc», déclare-t-il fièrement. Il ne lui restait plus que d'acheter les outils nécessaires, soit la peinture, les pinceaux et les outils de décoration, «avec [son] argent personnel». Pour l'artiste, ses créations sont le fruit d'une coopération avec des étudiants qu'il a supervisés à la Maison de l'artiste pour la peinture et la musique de Taourirt. Un centre qu'il a créé il y a quatre ans et qui accueille actuellement 150 jeunes. «Lorsque j'ai eu l'idée (de décorer la ville, ndlr), j'ai voulu tenter cette aventure avec mes élèves, pour cultiver leur touche artistique et leur donner l'opportunité d'exposer leurs talents sur le terrain», déclare-t-il. L'artiste considère que son idée est un message à la fois artistique et environnemental, à travers lequel il aspire encourager les jeunes d'autres villes marocaines. «Au lieu d'attendre que l'Etat fasse quelque chose pour nous, nous pouvons faire quelque chose pour nos villes, même des choses simples», fait-il savoir, notant que le changement du regard commence avec soi. Permettre aux jeunes d'exhiber leur créativité Quelques jours après le lancement de cette initiative, qui a reçu un retour positif, les responsables de la ville ont contacté l'artiste afin de l'encourager à poursuivre son illumination de la ville, dont le Préfet de la province. Le conseil communal a aussi tenu à l'aider, en lui fournissant de la peinture, des outils et même de la main-d'œuvre. «Grâce à mon initiative, j'envoie également un message aux responsables du pays pour leur dire : Laissez les places publiques entre les mains des jeunes et vous serez surpris de leur créativité.» Abdelkader Belbachir Pour lui, l'admiration des internautes des médias sociaux signifie qu'il est «sur la bonne voie». «Cela me donne plus de confiance en moi pour aller de l'avant et pourquoi ne pas faire de la ville de Taourirt une destination touristique», espère-t-il. Bien que certains Marocains n'aient découvert l'artiste qu'avec cette initiative, Abdelkader Belbachir reste un artiste talentueux et reconnu. Egalement calligraphe, il a déjà accumulé plusieurs médailles et prix. Il y a deux ans, il avait décroché le premier prix du Festival des Arts en France. Il avait aussi dessiné le plus grand portrait du roi Mohammed VI accompagné du prince héritier Moulay Hassan. Un tableau de 15 mètres sur 10, qui «a été placé sur la rue Mohammed V dans le centre-ville» de Taourirt, rappelle l'artiste.