Pour faire face à «la menace» du Maroc, les présidents de Ceuta et Melilla parient désormais sur un soutien financier du gouvernement central. L'appui de l'Union européenne est également sollicité pour la mise en place d'un modèle économique indépendant du Maroc. Comme prévu, les présidents de Ceuta et Melilla se sont rencontrés ce lundi 17 février à Malaga, en vue de préparer une réponse commune à ce qu'ils qualifient d' «asphyxie» des deux villes par le Maroc. Les entretiens ont été sanctionnés par la publication d'une déclaration institutionnelle portant les signatures de Jan Vivas du Parti Populaire et Edouard de Castro de Ciudadanos. Tout en reconnaissant les spécificités de chaque partie, la feuille de route a établi une stratégie pour la défense de leurs intérêts face à «la menace» en provenance du royaume. Un objectif qui passe particulièrement par «la mise en place d'un plan avec des mesures urgentes destinées à soutenir le commerce et, en même temps, ouvrir de nouveaux horizons pour l'activité productive, jetant les bases d'un modèle économique alternatif, plus solide et stable, qui ne dépend pas de décisions qui peuvent être prises de l'autre côté de la frontière», lit-on dans le document. Parier sur les soutiens de Madrid et de l'Union européenne Ceuta et Melilla ambitionnent en effet de bénéficier du boom du tourisme de croisière que connaissent certaines régions en Espagne, telles les Iles Baléares et Cadiz. Ainsi, Melilla attend avec une certaine impatience que des promoteurs américains dans le secteur honorent leurs promesses d'y réaliser cinq escales entre mai et septembre 2020. Par ailleurs, les deux présidents ont lancé un appel aux sociétés de transport ibériques afin de «favoriser des communications avec la péninsule et avec le reste de l'Espagne, de qualité et à des prix abordables pour tous, tant pour les résidents de Ceuta et Melilla que pour ceux qui souhaitent les visiter». Un vœu pieux, puisqu' «un vol aller-retour depuis Madrid à destination de Melilla coûte 600 euros (…) Il faut régler ce problème», a déploré ce lundi 17 février le sénateur PP et ancien président de la ville, Juan José Imbroda, dans des déclarations à la presse. En effet, la majorité des touristes qui se rendent dans les deux villes reste marocaine, principalement lors des périodes de soldes. Juan Vivas et Edouardo de Castro ont sollicité du gouvernement central la mise en place de ressources financières nécessaires pour répondre aux besoins des deux villes dans les «domaines de la défense, sécurité, santé, éducation et justice» en vue de les rehausser «à des niveaux comparables à ceux existant dans le reste de l'Espagne». Les deux présidents ont ainsi plaidé pour «une plus forte présence de l'Etat» dans les deux villes. La déclaration institutionnelle de la réunion de Malaga parie sur un soutien de l'Espagne et de l'Union européenne pour «faire face à la crise».