Sous le prétexte de lutter contre l'immigration irrégulière, un ancien général de division de l'armée espagnol, désormais député du PP, souhaite placer les accords de 1895 et 1958 avec le Maroc au cœur du débat politique. En Espagne, un député du Parti Populaire de la circonscription de Melilla exhume la «zone neutre» entre Melilla et la commune de Béni N'Sar à Nador. Fernando Gutiérrez Díaz de Otazu a demandé si le gouvernement Pedro Sanchez ne prévoit pas «la création d'un espace de séparation physique entre les contrôles aux frontières mis en place par les forces de police des deux pays, tel qu'il existait jusqu'en 2008», rapporte ce samedi 18 janvier le média Melilla hoy. Le parlementaire, un ancien général de division qui était chef militaire de la région de Melilla (2014-2018), a constaté que l'espace séparant les deux parties «s'est rétrécit» au cours des douze dernières années. Aussi, il propose le retour à l'installation d'une «distance de sécurité» pour permettre aux forces de police des deux pays d'intervenir pour faire face aux tentatives répétées des «véhicules kamikazes» de migrants. L'ex-haut-gardé de l'armée espagnole a exigé de l'exécutif Sanchez une réponse par écrit «s'il a l'intention de soumettre à l'examen des autorités marocaines, au plus haut niveau, la nécessité de renforcer les mesures pour la gestion des passages frontaliers entre les deux pays de manière coordonnée, comme le montre le Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération signé entre les deux pays en 1991 et publié en 1993». Le prétexte de lutter contre l'immigration illégale «Sous prétexte de la lutte contre l'immigration irrégulière, l'ancien général de division cherche essentiellement à embarrasser l'actuel gouvernement de coalition de gauche et à déclencher un bras de fer avec le Maroc», nous confie un acteur associatif à Nador. Et d'expliquer que «le député, de part ses fonctions antérieures à la tête de la région militaire de Melilla, est parfaitement au courant de ce que disent les accords de 1895 et 1958 signés entre le Maroc et l'Espagne à propos de la 'zone neutre' d'environ 500 mètres entre les deux frontières. Comme il sait parfaitement le rôle qu'avait joué des militants associatifs marocains pour la récupérer en 2008. Et c'est justement pour cette raison qui il a plaidé dans sa question à un retour à l'ordre qui prévalait il y a 12 ans». L'initiative d'Otazu s'inscrit dans le cadre de la course que le PP et Vox se livrent sur des questions se rapportant à la «souveraineté espagnole». L'extrême droite avait bien joué la carte du «séparatisme catalan» aux élections du 10 novembre au point d'être la 3e force politique à la Chambre basse. La droite classique surfe sur cette même vague en exhumant les accords de 1895 et 1958 (ce dernier porte sur la fin du protectorat espagnol au nord) avec le Maroc sur la «zone neutre» placée sous la tutelle exclusive de Madrid jusqu'en 2008. L'Espagne était alors gouvernée par le PSOE de Zapatero.