Depuis avril dernier, le journaliste Omar Radi a été convoqué à deux reprises, au sujet du même motif : ses tweets relatifs au juge qui a prononcé les peines en appel à l'encontre des militants du Hirak du Rif ayant comparu au tribunal de Casablanca. A la suite de sa seconde convocation survenue ce jeudi, il est désormais poursuivi en état d'arrestation. La Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a décidé ce jeudi de déférer le journaliste et militant Omar Radi devant le procureur du roi, dans le cadre d'une enquête sur un tweet publié au lendemain de la confirmation en appel des peines à l'encontre des détenus du Hirak du Rif par le Parquet casablancais, en avril dernier. J'ai reçu une convocation, orale puis écrite, de la part de la Brigade nationale de la police judiciaire(BNPJ). Je m'y présenterai demain. J'ignore les raisons de cette nouvelle convocation. Il y a 9 mois, j'avais été convoqué au même service de police pour une histoire de tweet. pic.twitter.com/Fe6l31VNiC — Omar Radi (@OmarRADI) December 25, 2019 Omar Radi a précédemment été interrogé pour le même motif, le 18 avril 2019. L'interrogatoire a duré plus de quatre heures au sujet d'une série de tweets commentant un article de Telquel dressant un portrait élogieux du juge Lahcen Tolfi, celui qui a prononcé les verdicts en appel à l'encontre des militants du Hirak du Rif. A propos du portrait du juge de la cour d'appel de Casablanca, Lahcen Tolfi, publié sur le dernier numéro de Telquel, quelques remarques?? — Omar Radi (@OmarRADI) April 15, 2019 Une autosaisine du Parquet Dans le temps, la première convocation du journaliste au sujet de ces tweets a fait suite à «une autosaisine du procureur général du roi près la Cour d'appel de Casablanca, et non à une plainte en diffamation», avait-il souligné. Ce jeudi, le journaliste est attendu pour une comparution à la salle 8 au tribunal de première instance d'Aïn Sebaâ. Avocat de la défense, Omar Bendjelloun explique à Yabiladi qu'un seul chef d'accusation a été retenu pour ce procès, dont la première audience se tient ce jeudi-même. Ainsi, cette poursuite est basée sur l'article 263 du Code pénal, relatif à l'«outrage à magistrat» et passible d'une peine pouvant atteindre deux ans de prison, souligne encore l'avocat. Ce texte énonce en effet de l'emprisonnement, en plus «d'une amende de 250 à 5 000 dirhams, quiconque, dans l'intention de porter atteinte à leur honneur, leur délicatesse ou au respect dû à leur autorité, outrage dans l'exercice de leurs fonctions ou à l'occasion de cet exercice, un magistrat, un fonctionnaire public, un commandant ou agent de la force publique, soit par paroles, gestes, menaces, envoi ou remise d'objet quelconque, soit par écrit ou dessin non rendus publics». «Lorsque l'outrage envers un ou plusieurs magistrats ou assesseurs jurés est commis à l'audience d'une cour ou d'un tribunal, l'emprisonnement est d'un à deux ans», précise encore le texte. «Le Parquet le poursuit et l'a déféré en première audience en comparution immédiate. Me Saïd Benhammani et moi-même allons demander un report pour préparer notre défense et plaider la libération provisoire», nous informe Me Bendjelloun. Mais à l'issue de cette audience qui s'est clôturée en début de soirée, cette requête a été rejetée par les juges, qui ont fixé la prochaine audience au jeudi 2 janvier 2020. En attendant, Omar Radi reste ainsi en détention préventive. Dans la foulée, un appel à réunion pour la constitution d'un comité de soutien a été lancé par l'association Freedom Now, qui a fixé la date de cette rencontre à vendredi 19h, au siège de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Rabat. Article modifié le 2019/12/26 à 19h44