L'empathie et la solidarité ont toujours été des qualités ayant animé la Marocaine Khadija Qirtasse pour venir en aide aux étudiants marocains qui choisissent l'Allemagne pour finir leurs études. Un engagement qui motive aujourd'hui cette ingénieure d'information et de communication, dans le transfert d'expérience de l'enseignement allemand au Maroc. Eviter aux étudiants marocains la galère des premières semaines qu'elle a endurée. Telle est l'objectif qui a poussé Khadija Qirtasse, une Marocaine d'Allemagne, à mettre en place avec ses collègues, une initiative visant à accueillir et à assister cette partie des Marocains du monde. Elle ambitionnait ainsi de leur venir en aide en se focalisant sur certaines problématiques auxquelles elle avait fait face lorsqu'elle s'était installée dans ce pays européen en 1990. Même si elle savait que toute initiative qu'elle prendrait aurait un impact limité, elle a proposé avec ses camarades de classe certaines mesures pour tenter d'atténuer les difficultés d'adaptation et d'intégration. «J'ai essayé d'aider les nouveaux étudiants marocains, à ma manière. Je les recevais ainsi gratuitement dans ma maison», nous confie-t-elle. Elle les attendait ainsi à la gare après s'être informée, avec ses camarades, des horaires des examens d'admission passés par les étudiants. «On essayait ainsi de faire la connaissance des étudiants marocains et je les emmenais chez moi», se souvient-elle. Cette MRE se rappelle, par la même occasion, des premières années de son installation à l'étranger. «Quand je suis arrivée en Allemagne, ma situation financière était confortable, mais j'ai eu l'occasion aussi d'exercer de nombreuses professions.» Khadija Qirtasse Du secteur privé à la Direction générale de la police allemande Ingénieure d'information et de communication, elle reconnaît avoir eu du mal à s'orienter et comprendre le fonctionnement du système éducatif allemand, bien qu'elle avait déjà suivi des cours d'allemand avant de quitter son pays. Née à Kénitra en 1967, elle avait plié bagage en 1990, après avoir obtenu un diplôme de l'Université Ibn Tofail, au Département de physique et de chimie. Et parallèlement à ses études universitaires, elle suivait des cours à l'Institut de technologie appliquée où elle avait obtenu un diplôme en électronique industrielle. «Je me suis alors installé Dortmund, ville à laquelle je suis restée fidèle. C'est là que j'ai intégré une école d'ingénieurs et obtenu mon diplôme en génie électrique, avec une mention très bien, en 1996», raconte-t-elle. Les compétences de Khadija Qirtasse lui ont ouvert la voie au marché du travail immédiatement après l'obtention de son diplôme. Elle travaillera d'abord pour le compte du géant Siemens, spécialisée dans le domaine de l'ingénierie électrique et électronique moderne et y enchaînera les responsabilités. De cheffe de projet, elle y évoluera aussi en tant que consultante spécialisée dans les entreprises communicantes et les services gouvernementaux. Ses 14 ans d'expérience se concluront par l'intégration de la fonction publique en Allemagne. Aujourd'hui, cette Marocaine s'occupe des équipements techniques au sein de la Direction générale de la police allemande. «Je m'occupe aussi de certaines tâches et responsabilités, comme consultante et cheffe de projet», ajoute-t-elle. Une école allemande au Maroc Toutefois, ses longues années de travail en Allemagne ne lui ont pas fait oublier sa première initiative en faveur des étudiants marocains. Khadija Qirtasse envisage de construire une école à Kénitra allant de la maternelle au baccalauréat. «J'aimerai mettre en place un système éducatif allemand. De la crèche, les élèves apprendront l'allemand aux côtés des autres langues étrangères. Ils pourront ainsi poursuivre leurs études en Allemagne plus facilement.» Khadija Qirtasse Elle dit aussi vouloir susciter l'intérêt des enfants et les encourager à s'essayer dans le dessin, la musique et le chant. «Ce sont des choses que nous ne voyons pas beaucoup dans les établissements d'enseignement marocains», déplore-t-elle. La MRE aspire à ce que ce projet aide ainsi les Marocains résidant en Allemagne qui souhaitent revenir au pays. Une école de ce genre pourra ainsi pallier au «problème du manque de maîtrise de la langue française et arabe de leurs enfants, ce qui les empêche actuellement de poursuivre leurs études dans le pays de leurs parents». Car c'est précisemment l'absence d'un établissement d'enseignement adoptant un système allemand à Kénitra a été pour Khadija Qirtasse un obstacle l'empêchant de revenir s'installer au Maroc il y a sept ans. Elle ne pouvait pas assurer la scolarisation de sa fille, âgée à l'époque de 10 ans. «Elle avait reçu toute son éducation en langue allemande et ça allait être difficile pour elle de s'adapter au système éducatif marocain», explique-t-elle. Un regret pour cette femme qui n'a jamais oublié son pays natal. «Je n'oublierai jamais ce que j'ai pu achever grâce au Maroc. C'est la raison pour laquelle je passe mon temps entre mon pays d'accueil et ma patrie», conclut-elle. Article modifié le 2019/12/10 à 10h39