Depuis les années 1990, un Marocain se distingue en Allemagne dans le cadre de l'apprentissage et l'enseignement de la religion musulmane. D'un fonctionnaire chargé des services consulaires à Düsseldorf, Mohammed Assila deviendra expert dans l'enseignement des préceptes de l'islam en Allemagne, avant de siéger en tant que membre au Conseil supérieur des musulmans d'Allemagne. Portrait. Né au en 1963 à Rabat, Mohammed Assila n'imaginait pas que son penchant pour l'éducation et la religion musulmane le mènera un jour en Allemagne, pour devenir une référence en matière d'enseignement de la religion musulmane. Après des études effectuées dans les écoles de la capitale marocaine et une licence décrochée de l'université Mohammed V de Rabat en 1986, il visitera l'Allemagne pour la première fois dans le cadre d'une mission culturelle et éducative du ministère des Habous et des affaires islamiques. Il intégrera ensuite le cycle social consulaire à Düsseldorf, où il établira un premier contact avec les Marocains d'Allemagne. Il prendra aussi note des problématiques auxquelles font face ses concitoyens dans ce pays. Après cette étape de trois ans, Mohammed Assila revisitera l'Allemagne en 1989, cette fois en tant qu'enseignant, sous la tutelle du ministère des affaires islamiques et la Fondation Hassan II. «J'étais également en contact avec l'administration allemande puisque l'apprentissage de l'allemand m'a ouvert plusieurs portes pour s'intéresser au contexte pédagogique du pays», nous confie-t-il. Des Habous et affaires islamiques à l'Education nationale allemande S'informer du système éducatif allemand permettra aussi à Mohammed Assila de «constater l'existence d'un vide en matière et des stéréotypes sur les Marocains et l'islam» en général. Il choisira donc d'«œuvrer dans le domaine social relatif à l'école en travaillant avec cinq écoles allemandes». «Je profitais des rencontres éducatives organisées pour leur exposer le modèle marocain, soit en termes d'apprentissage de la langue arabe et de la culture marocaine, soit pour les problématiques relatives à l'islam», poursuit notre interlocuteur. Un travail qui portera ses fruits, puisque Mohammed Assila commencera à recevoir des invitations pour animer des tables rondes et des ateliers, notamment au sein d'écoles et institutions fédérales. Des rendez-vous où il évoquera, entre autres, le dialogue interreligieux entre musulmans et chrétiens ou encore le dialogue interculturel en Allemagne. En 1991, sa carrière changera à nouveau. Les autorités allemandes lui proposeront d'intégrer la fonction publique en tant qu'expert du ministère allemand de l'Education et membre de la commission du curriculum au sein de ce département, au niveau de la région. «Cette commission proposait des programmes d'éducation et des solutions pour l'enseignement de plus de 21 langues maternelles», nous déclare-t-il . «Une expérience dans le cadre de laquelle j'ai travaillé au sein de la commission chargée de l'enseignement de la religion musulmane, ce qui nous a permis de constituer pour la première fois un programme d'enseignement de l'islam et l'éducation islamique en langue allemande.» Mohammed Assila Grâce à une association qu'il créera avec ses voisins marocains, Mohammed Assila sera élu en tant que président du Conseil consultatif des étrangers à Erkrath, représentant ainsi des milliers d'étrangers résidant dans cette ville. Il sera ensuite contacté par le Conseil supérieur des musulmans d'Allemagne. «Ils m'ont proposé de travailler avec eux dans le cadre des dialogues interreligieux et en tant que conseiller en éducation et en enseignement de la religion musulmane», nous raconte-t-il. La jeunesse marocaine en Allemagne et les défis de la diaspora Aujourd'hui, cet expert marocain en éducation et en enseignement de l'islam en Allemagne affirme que «l'Allemagne est consciente que l'intégration réelle qui prend l'autre en considération ne peut se faire qu'à travers la reconnaissance de la religion musulmane». Il estime toutefois que souvent, «les Marocains constatent qu'ils ne sont pas représentés dans certaines institutions de l'islam». «Ce pays est conscient de la nécessité de la reconnaissance des musulmans en général et du bien-être spirituel et social de cette communauté, à l'image des communautés juive et chrétienne. Mais la communauté musulmane a besoin de représentants pour mener ce débat.» Mohammed Assila Notre interlocuteur insiste aussi sur la place des jeunes dans ce débat. «En tant que Marocains et musulmans, nous devons penser à former les prochaines générations pour prendre le relai, de même qu'aux défis de la communauté musulmane, dont l'extrémisme, l'exclusion sociale et la montée de l'extrême droite», reconnaît-il. «Il faut s'assurer que cette jeunesse puisse bénéficier d'un bien-être spirituel et social et d'une connexion forte avec le pays d'origine. Nous devons accompagner ces jeunes et les sensibiliser quant aux grands défis de la communauté», indique Mohammed Assila. Ce dernier ne manque pas de pointer du doigt le «conflit générationnel» existant au sein de la communauté marocaine en Allemagne, insistant sur l'importance d'«instaurer la confiance entre les différentes générations de notre diaspora».