Cadre aujourd'hui au sein de BMW à Munich, Karim Zidane s'est trouvé en Allemagne par le plus pur des hasards. Mais en surmontant les épreuves de la vie, c'est là-bas qu'il a parachevé ses études et qu'il a évolué jusqu'à devenir ce qu'il est aujourd'hui. Arrivés dans leur pays d'accueil, nombre d'émigrés marocains se fraient un chemin malgré les difficultés du début. Natif de Souk El Arbaa (province de Kénitra) en 1969, Karim Zidane a suivi ce difficile parcours. Depuis 2002, il est ingénieur en mécanique chez la compagnie automobile BMW Motor Company. En tant que superviseur, il s'occupe aujourd'hui aussi de suivre le développement qualitatif des moteurs de voitures de la marque dans plusieurs pays à travers le monde. «Tout ce qui est facilement atteignable est sans plaisir», nous déclare Karim Zidane en commentant son parcours de vie, à travers lequel il dit avoir appris que ne pas céder aux difficultés et ne pas avoir peur des risques sont souvent les clés du succès. Ce natif du Gharb a effectué ses études secondaires à Kénitra où il a obtenu son baccalauréat technique en 1987, avant de rejoindre l'Université Ibn Tofaïl pour un deug en physique-chimie. Le rêve de continuer des études à l'étranger Karim, comme d'autres étudiants de sa génération, a eu pour ambition de continuer ses études à l'étranger. Rêvant d'atteindre cet objectif en France ou aux Etats-Unis, ce sera finalement en Allemagne que le hasard l'aura conduit. En effet, il nous raconte avoir rencontré deux Allemands à Moulay Bousselham, peu après la fin de ses études à Kénitra. Après leur être venus en aide, ces derniers lui proposent de venir en Allemagne. «Pour moi, cela ne pouvait être envisageable», se rappelle-t-il en évoquant notamment la barrière linguistique. En laissant ses coordonnées et son adresse à l'un des deux hommes, Karim Zidane découvre un jour que celui-ci l'avait inscrit à une université allemande. «Trois mois plus tard, j'arrivais en Allemagne en ayant appris un peu la langue. Nous gardons, aujourd'hui, d'excellent rapports, grâce à l'image positive que cet homme a gardée du Maroc», se rappelle-t-il encore. Karim Zidane se souvient de cette arrivée en Allemagne, le 11 mai 1989, après avoir pris un bateau depuis Tanger. «C'était mon premier voyage en dehors du pays, j'avais 20 ans et aucun parent ni ami en Allemagne ; j'étais seul, avec peu de ressources financières et seulement quelques notions de la langue allemande», nous raconte-t-il. Pour toutes ces raisons, Karim Zidane garde en mémoire une intégration qui n'a pas été facile. «En Allemagne, les gens ont un tempérament plutôt calme, contrairement à nous, Marocains, qui sommes très sociables, extravertis… Il a donc été difficile de s'adapter à un nouveau mode de vie, de nouvelles habitudes sociales mais également alimentaires. Au début, je ne pouvais pas trouver goût à une nourriture et à des mets autres que ceux de mon pays.» Karim Zidane, ingénieur marocain en Allemagne Plus tard, le Marocain a fait la rencontre d'autres nationaux. Il se rappelle des longues nuits passées avec eux dans les trains, faute de logement et par manque d'information sur les résidences universitaires. Ainsi, Karim raconte avoir subvenu à ses besoins en faisant plusieurs métiers, comme la plonge, la peinture ou la maçonnerie. «Mon seul souci était de gagner dignement ce qu'il me fallait pour vivre. Je gardais espoir en la vie en me disant que j'allais terminer mes études au bout de cinq ans et revenir à mon pays, diplôme à la main», se souvient-il encore. Histoire d'une success-story qui dure encore Grâce à sa maîtrise de la langue allemande, Karim Zidane a suivi avec brio son parcours universitaire, d'abord à Aachen, puis à Munich. Son parcours connaît un tournant lorsqu'il décide de fonder une famile en Allemagne, en 1993, en se mariant à une Turque avec qui il a eu deux enfants. En 2002, il décroche par ailleurs son diplôme en ingénierie mécanique. La même année, il est recruté comme ingénieur chez BMW, devenant responsable du développement des moteurs. «Parallèlement à mon travail, j'ai été l'un des fondateurs du réseau de compétences germano-marocain, qui compte plus de 1 000 compétences en 2009. Sa mission est de transférer l'expérience et les connaissances de l'Allemagne au Maroc et de contribuer à l'image des Marocains en Allemagne et au Maroc.» Karim Zidane, ingénieur marocain vivant en Allemagne L'année dernière, l'ingénieur a été primé à l'issue d'un concours appuyé par BMW et visant à encourager les employés de l'entreprise à s'engager dans l'action sociale. Son projet a été choisi parmi 250. «Nous avons fait une campagne médicale dans les montagnes de l'Atlas et aidé une école à s'équiper de matériau solide. Nous avons également noué des partenariats entre des universités marocaines et allemandes pour raccorder des villages du royaume à l'électricité», se félicite-t-il. En plus de ses actions associatives, Karim Zidane a choisi de s'engager dans la vie politique en rejoignant le Rassemblement national des indépendants (RNI) en 2017. Actuellement, il en est le coordinateur en Allemagne. Au fil de ce parcours, il ne perd cependant pas de vue l'un de ses rêves de jeune étudiant qu'est celui de revenir un jour au Maroc.