Dans cette série, Yabiladi revient sur les grands lieux de pèlerinage juif au Maroc, visités annuellement par des milliers de fidèles et de curieux. Dans ce vingt-cinquième épisode, l'histoire de Haïm Ben Diwan, fils d'Amram Ben Diwan, inhumé à Ouirgane, près de Marrakech ainsi que celles des quatre tombeaux de rabbins faisant partie de son mausolée. La tombe de Rabbi Haïm Ben Diwan et ses deux disciples à Ouirgane. / Ph. Diarna La tombe de Rabbi Haïm Ben Diwan et ses deux disciples à Ouirgane. / Ph. Diarna Haïm Ben Diwan est un saint mystérieux. Eclipsé par la renommée de son père, Rabbi Amram Ben Diwan, le miraculeux saint juif inhumé à Ouazzane, il a toutefois sa place au sein du pèlerinage effectué annuellement par les personnes de confession juive au Maroc. C'est ainsi, durant la fête Lag Ba'Omer, que les juifs du Maroc et ceux venus de l'étranger se dirigent à Ouirgane, dans le cercle d'Asni, près de Marrakech, plus précisément dans le village d'Anrhaz pour visiter la tombe de Haïm Ben Diwan. Ce dernier serait venu de Jérusalem au Maroc avec son père une première fois puis une deuxième. Les deux religieux se rendent dans l'empire chérifien pour collecter de l'argent pour des écoles (Yéchivot) et diffuser la Torah auprès des juifs marocains. Il s'est donc retrouvé, des années plus tard, sans son père mais avec trois de ses disciples, dans ces montagnes du Haut Atlas vers le XVIIIe siècle, raconte-t-on dans un article paru sur la plateforme Dafina. Un saint inhumé avec deux de ses disciples Mais c'est une autre version de l'histoire ; celle racontée par la plateforme Diarna. «La légende dit que Haïm Ben Diwan, alors qu'il voyageait dans le sud pour poursuivre la mission de son père, a été suivi par des inconnus des montagnes qui voulaient le tuer», rapporte-t-on, sans donner de précisions sur le motif. «Ce qui est dit, c'est qu'il est entré dans une grotte pour éviter la capture, qui a peut-être trop bien réussi. Non seulement ils ne l'ont pas trouvé, mais personne ne l'a jamais trouvé», poursuit-on. Le sanctuaire où se trouvent la tombe et la synagogue de Rabbi Haïm Ben Diwan à Ouirgane. / Ph. Diarna Et d'affirmer que «trois tombes différentes se trouvent dans le sanctuaire, laissant planer le doute sur le lieu d'inhumation» de ce Tasdik. Une version confirmée aussi par le portail Travel-exploration. «Trois tombeaux différents se trouvent à l'intérieur du village de Ouirgane, laissant planer le doute quant au lieu de sépulture de Rabbi Haïm Ben Diwan - il sied aux circonstances mystérieuses de sa mort. Deux des tombes sont identifiées par des marques qui semblent indiquer [que le troisième serait celui] de Ben Diwan», poursuit-on. Dans un article paru dans la revue Paix et Droit de l'Alliance israélite universelle, J.D Semach revient sur un pèlerinage effectué le siècle précédent, décrivant que la demeure de Rabbi Haïm Ben Diwan est située sur une «coline dénudée, isolée de la haute masse montagneuse» et dressant un tableau modeste du lieu, avec des «chambres en terre où logent les pèlerins» dont les façades étaient «entièrement ouvertes» et globalement un endroit d'une «malpropreté désolante». Mais les choses ont drastiquement changé aujourd'hui. Il explique aussi qu'une fois dans le sanctuaire, le pèlerin rencontre, dans une «pièce de petites dimensions, blanchie à la chaux, trois tombes dans le milieu». «Celle du Saddik, la plus haute, la plus grande, vient d'être reconstruite en ciment ; au-dessus, on a placé une mince dalle de marbre blanc, avec une inscription en grosses lettres noires». «Nul ne connaît les noms des humbles êtres qu'elles recouvrent», affirment-ils à propos des deux autres tombes des disciples de Rabbi Haïm. La tombe de Rabbi Haïm Ben Diwan. / Ph. Diarna Les miracles du saint de Ouirgane J.D Semach évoque aussi l'un des miracles liées à la tombe de Haïm Ben Diwan. «Sa tombe avait été placée près du village berbère ; les habitants, un jour, la démolirent et jetèrent les pierres dans le bas du ravin. Le lendemain, ils s'aperçurent avec stupéfaction que le tombeau avait été reconstruit pendant la nuit et avait repris exactement la place qu'il occupait la veille», raconte-t-il. C'est grâce à cet épisode mystique que les villageois auraient fini par reconnaître la «puissance» de ce Tasdik et se seraient mis, eux aussi, à «le vénérer sous le nom de Moul Enraze» (ou Anhraz), en l'occurrence le nom du village. Depuis, déshérités, malades, infirmes ou encore femmes sans enfants visitent ce mausolée. «Tous ceux qui ont foi en Rabbi Haïm (…) trouvent auprès de lui aide et protection, le soulagement de leurs misères et l'accomplissement de leurs vœux les plus chers», explique cet auteur. «Ses miracles se dénombrent par milliers ; on les connaît, on les admire, on se les répète et la liste s'en allonge d'année en année. Bienheureux ceux qui croient en lui», conclut-il. La synagogue de Rabbi Haïm Ben Diwan. / Ph. Diarna D'ailleurs, même la plateforme Dafina rappelle certains de ces phénomènes inexpliqués, dont l'histoire de la pierre tumulaire. «Outre les rochers qui se détachent de la montagne pour couvrir la tombe du santon et la protéger des violations, plusieurs autres miracles sont attribués à Rabbi Haïm Ben Diwan», détaille-t-on, en évoquant le fait que la terre «se serait ouverte d'elle-même pour accueillir» la dépouille de ce saint. Les juifs qui visitent les lieux en profitent aussi pour se receuillir sur les tombes de deux autres saints, inhumés dans le même complexe. Il s'agit des Rabbins Mordekhai et Abraham Ben Hammou, ce qui porte à trois le nombre de Rabbins inhumés dans ce lieu et explique la construction, plus tard, d'une synagogue pour les pèlerins juifs.