Décidément Claude Guéant ne dort jamais ! Après sa circulaire controversée empêchant les étudiants étrangers de trouver du travail à la fin de leurs études, dorénavant ce sont les musulmans radicaux qui sont dans sa ligne de mire. Le ministre de l'intérieur a décidé le week-end dernier de dissoudre l'association Forsane Alizza et a émis un avis d'expulsion à l'imam parisien Mohammed Hammami. A moins de trois mois des élections présidentielles en France, l'UMP et le Front National se livre une guerre sans merci alors que le PS mené par François Hollande vient à peine d'entrer dans le marathon présidentiel. Une semaine après le discours de Marine Le Pen qui souhaite créer un ministère de la laïcité, Claude Guéant réplique à ce discours et s'attaque à son tour aux musulmans les plus radicaux. Dissolution et expulsion Samedi dernier, le ministre de l'intérieur n'a pas perdu de temps. Il a exigé la dissolution d'une association décrite comme islamiste Forsane Alizza. «Constituée en août 2010 il lui est reproché un caractère de groupe de combat ou de milice privée, d'attenter à la forme républicaine du gouvernement et de propager des idées racistes et antisémites.», explique RTL. Mais il a également envoyé un avis d'expulsion à Mohammed Hammami, l'imam de la mosquée tabligh Omar à Paris dans le 11ème arrondissement. Né en Tunisie en 1935, Hammami est arrivé en France dans les années 60. Une commission se réunit d'ailleurs début février prochain pour se pencher sur son cas. Si elle décide d'expulser Hammami, il pourrait quitter le territoire français sur le champ. «A l'origine de prêches virulents, notamment à caractère antisémite, il aurait indiqué que l'argent des fidèles ne devait pas être placé en banque car il profite aux juifs. Adepte d'un islamisme radical, il aurait aussi demandé que la femme adultère soit battue à mort» relate le Figaro. Un islamiste invité à déjeuner à l'Elysée Cependant, Samir Amghat, spécialiste du salafisme interrogé par le journal français explique que «depuis que le Tabligh est représenté au Conseil français du culte musulman, il [Mohammed Hammami] «s'est désectarisé», Entre-temps, Mohammed Hammami a été écarté de son rôle de leader au sein du mouvement. Concernant ses prêches, je sais qu'il a été très critique à l'égard des régimes arabes», indique le spécialiste qui admet ne pas avoir eu connaissance de propos pouvant heurter les valeurs de la République française.» Néanmois, le comble dans cette affaire est que Mohammed Hammani avait été reçu à déjeuner à l'Elysée le 23 septembre 2010 avec les représentants du culte musulman, alors que les autorités françaises l'accusaient de mener des prêches virulents contraires aux valeurs de la République. Près d'un an et demi plus tard après ce déjeuner dans le palais présidentiel, Hammami pourrait être le 35e imam expulsé de France depuis le 11 septembre 2001, date du début des surveillances des prêches par les services de renseignement. Climat de peur Par ailleurs, on peut même se poser la question de savoir pourquoi Claude Guéant fait une fixation sur ceux qu'il accuse d'être des islamistes radicaux. Ces groupes et personnes sont-ils vraiment dangereux pour la sécurité de la France ou Claude Guéant tente-t-il seulement d'imposer un climat de peur pour faire croire qu'il existe réellement une menace terroriste ? Pourtant, en juillet dernier, le journal Libération publiait dans ses pages des chiffres de l'Office de police intergouvernemental Europol qui montre qu'entre 2006 et 2010, les actes terroristes islamiques sont rares au sein de l'Union Européenne. «Si l'on fait la somme des chiffres de ces cinq dernières années, ce sont les séparatistes qui ont été le plus souvent impliqués dans des entreprises d'attentats, très loin devant les autres. Sur 2056, ils en ont commis 1750, soit 85%. En comparaison les actes d'islamistes ou de l'extrême droite sont négligeables, avec respectivement 9 et 6, soit 0,4 et 0,3%.», précise Europol. Menace de l'extrême droite D'ailleurs, l'article soulève un élément intéressant. Europol s'inquiète par contre de «l'activisme des groupes d'extrême droite sur les réseaux sociaux et de leur capacité de propagande qui pourrait faire prendre à ces groupes de l'importance dans les prochaines années et menacer les Etats membres». A moins de 100 jours des élections présidentielles, le camp Sarkozy continue de taper sur les musulmans alors que la menace d'attentat et d'insécurité pourrait être ailleurs. Pendant ce temps-là, Marine Le Pen progresse dans les sondages. Le dernier sondage Ifop publié jeudi dernier dans Paris Match montre que l'écart entre Nicolas Sarkozy et Marine le Pen se resserre. Deux petits points séparent les deux candidats à la présidentielle. Nicolas Sarkozy est crédité de 23% d'intentions de vote alors que Marine Le Pen est créditée de 21%.