En Espagne, le tribunal de l'Audience nationale et le parquet général refusent, pour l'instant, les requêtes de la défense d'une des victimes de l'attentat de Barcelone de 2017 quant à la relation entre le cerveau de ces actes, le Marocain Abdelbaki Es Satty, et les renseignements espagnols. Même mort le 17 août 2017 dans l'explosion d'un chalet à Alcanar, dans la province de Tarragone, dans le cadre de l'attentat terroriste commis à Barcelone, le Marocain Abdelbaki Es Satty continue de donner du fil à retordre au Centre national de renseignement (CNI). Les services de renseignement tentent par tous les moyens de garder secrète et à l'abri des regards la collaboration avec un ancien prisonnier pour trafic de drogue qui s'est reconverti, une fois libéré en 2014, en «imam de Ripoll» et recruteur de Daech. Une volonté qui se heurte, pour l'instant, à la détermination de Jaume Alonso-Cuevillas, un ancien député à la Chambre des représentants espagnole dissoute, et avocat du père d'un enfant de trois ans victime de la fourgonnette ayant foncé le 17 août 2017 sur une foule à Las Ramblas, faisant 17 morts. La collaboration entre Es Satty et le CNI révélée en novembre 2017 Au tribunal de l'Audience nationale à Madrid, le pénaliste et la cour, épaulés par le représentant du parquet, se livrent à un bras de fer. La semaine dernière, les deux magistrats ont opposé une fin de non-recevoir aux requêtes présentées par Me Alonso-Cuevillas, sollicitant la comparution de gardiens de la prison de Castellón, où Es Satty était incarcéré, et des agents du CNI ayant eu des réunions avec le Marocain à plusieurs reprises. Le juge a estimé qu'une telle procédure n'était pas nécessaire et assumait «pleinement» la position du procureur général, qui défendait «la rigueur et l'effort» de l'enquête «afin de déterminer la responsabilité pénale des accusés et des tiers qui auraient pu collaborer à la commission d'attaques terroristes graves», rapporte le quotidien El Pais. Face à ce rejet, lundi 23 septembre, l'avocat Alonso-Cuevillas a présenté un recours aux décisions du juge et du procureur général, indique la publication Diario16. Ce qui promet de nouveaux rebondissements dans cette première partie de ce procès dans laquelle Es Satty joue depuis sa tombe le premier rôle. La deuxième devrait s'ouvrir, selon le quotidien Okdiario, en octobre avec la comparution des trois mis en cause encore vivants et détenus depuis deux années : les Marocains Driss Oukabir, Mohammed Houli Chemlal et Said Ben Iazza. C'est justement Okdiario qui avait révélé, en novembre 2017, les liens entre Es Satty et les renseignements espagnols. Une collaboration qui lui avait permis d'échapper, au terme de sa condamnation en 2014 pour trafic de drogue, à la procédure d'expulsion vers le Maroc. Et, cerise sur le gâteau, d'obtenir sa carte de séjour en avril 2015. Suite à ces révélations, des médias espagnols avaient annoncé la disposition des renseignements espagnols à reconnaître devant le tribunal de l'Audience nationale avoir recruté le Marocain pour infiltrer les réseaux jihadistes. Une promesse non tenue.