Après plusieurs heures d'audiences, ce lundi, la décision du tribunal de première instance à Rabat est tombée. La journaliste Hajar Raïssouni reste en détention préventive, dans le cadre de son procès pour «débauche et avortement illégal», à rebours des requêtes formulées par sa défense et de la mobilisation organisée en marge de cette séance. Ce lundi 9 septembre, 13h00, l'affluence est au rendez-vous pour le procès de Hajar Raïssouni, journaliste à Akhbar Al Yaoum, son fiancé, le chirurgien, l'anesthésiste et la secrétaire médicale. Ils comparaissent pour un «avortement illégal» qui aurait été pratiqué dans une clinique au quartier Agdal, à Rabat, où la police est intervenue le 31 août dernier pour arrêter les cinq prévenus. Comparaissant une première fois devant le juge, début septembre, la jeune femme est également poursuivie pour «débauche». Pour cause, le parquet ne reconnaît pas les liens de mariage non-acté avec son fiancé, professeur univeritaire issu du Soudan. Dans ce sens, elle a rejeté les chefs d'accusation à son encontre, soutenant même avoir déposé un dossier auprès des services consulaires soudanais pour officialiser cette relation. Au sein de la salle d'audience, ce lundi, l'avocat Saad Sahli a invoqué ces différents aspects, dans le cadre des requêtes de la défense. «Des institutions constitutionnelles, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), a consacré des mémorandums et des contributions au droit à l'avortement, mais nous sommes face à une institution judiciaire qui emploie un autre arsenal juridique pour pénaliser la journaliste, qu'il y ait avortement ou non», déclare-t-il à Yabiladi à l'issue de sa plaidoirie. Au Maroc, les journalistes sous surveillance ? [Edito] L'impératif d'harmoniser les usages de la loi Me Sahli tappelle en outre l'intention des avocats de la défense de déposer plainte pour torture. «Au nom d'un acte médical, on ne peut pas effectuer une expertise intrusive contre le gré de la concernée, afin de construire un élément de preuve à son encontre ou à l'obliger de reconnaître des faits», nous a-t-il encore affirmé. Abdelaziz Nouaidi, chargé pour sa part du dossier de Hajar Raissouni et de son fiancé, affirme à Yabiladi que «plusieurs éléments prouvent l'aberration des poursuites, si ce n'est pour occuper l'opinion publique et nuire à l'image de notre pays». «Nombreux sont les IVG effectuées quotidiennement au Maroc, les dispositions de la loi dans ce sens ne peuvent qu'obliger les personnes ayant recours à cet usage à se retrouver dans l'illégalité, faisant d'elles des personnes passibles de poursuite et c'est ce qu'il faut remettre en question», estime encore l'avocat. En soirée après plusieurs heures d'intervention des avocats de la défense et des représentants du Parquet, ce dernier a rejeté les requêtes de Hajar Raïssouni concernant sa liberté provisoire et l'abandon des poursuites. Ainsi, la journaliste reste en détention préventive à la prison El Arjate de Rabat, en attendant sa prochaine comparution prévue le 16 septembre.