Après avoir demandé à ne pas être inclus à la liste finale de la sélection néerlandaise, Mohamed Ihattaren n'a pas encore décidé de rejoindre ou non les Lions de l'Atlas. L'équipe technique des Oranges prévient que si le footballeur franchit le pas, elle songerait même à exclure les Marocains de ses prochaines listes préliminaires. Du haut de ses 17 ans, Mohamed Ihattaren est face à un grand dilemme : intégrer la sélection néerlandaise ou répondre à l'appel de celle du Maroc ? Après avoir fait partie d'une liste préliminaire des Oranjes, le joueur binational a demandé à ne pas être inclus à ceux définitivement choisis par le sélectionneur des Pays-Bas juniors. Dimanche, cette prise de position a fait réagir le bras-droit de ce dernier. Invité au plateau de l'émission Rondo sur la chaîne de télévision Ziggo Sport, Ruud Gullit, entraineur adjoint au sein de l'équipe néerlandaise, a déclaré que si Ihattaren refusait officiellement d'intégrer la sélection et d'opter pour la marocaine, cette décision ferait réfléchir le staff technique néerlandais, à l'avenir, sur le fait de ne plus solliciter de joueurs originaires du Maroc. Fer-de-lance du PSV Eindhoven, Mohamed Ihattaren hésite en effet, surtout qu'il a été appelé par les sélectionneurs de ses deux pays. Une semaine avant de figurer sur la liste préliminaire des juniors néerlandais, en août dernier, il a fait partie de la première proposition de sélection du Maroc, menée par Vahid Halilhodžić. La sélection néerlandaise attend Ihattaren au tournant Le jeune footballeur n'est pas encore sorti de son silence, mais Ruud Gullit a déjà des mots durs envers lui. Il défend même une forme d'exclusion contradictoire avec l'esprit du sport. «Y aura-t-il encore un sens à choisir les joueurs marocains, si Ihattaren rejoint la sélection marocaine ? Cela ne signifierait plus rien, si cela se produisait avec de prochains joueurs», a-t-il déclaré à Ziggo Sport, repris par Voetbal Primeur. «Je comprends bien, s'ils choisissent d'évoluer avec le Maroc. Mais si cela se produit, nous n'allons plus les inclure à nos listes préliminaires, car nous nous retrouvons à former des joueurs pour un autre pays.» Ruud Gullit Avant d'être choisi par les deux sélections, Mohamed Ihattaren a déclaré ne pas avoir de préférence entre les deux. Selon ses dires, il intégrera celle où il pourra prendre ses marques, se distinguer par son jeu, améliorer celui-ci et se faire un nom à l'international. «Si c'est possible avec les Pays-Bas, c'est bien, et si ça peut se faire avec l'équipe marocaine, ce sera bien aussi», avait-il déclaré en mode réponse à la normande. Ces hésitations ont fait réagir un autre international marocain né aux Pays-Bas. Invité la semaine dernière sur la chaîne Fox Sports, Nordin Amrabat a appelé le jeune joueur à prendre rapidement une décision, que ce soit celle de rejoindre les Oranje ou les Lions de l'Atlas. Par ailleurs, il a exprimé sa préférence pour le voir évoluer sous les auspices de Vahid Halilhodžić. Les binationaux marocains tiraillés entre deux sélections Mohamed Ihattaren n'est pas le seul binational marocain à s'être confronté à la difficulté de trancher entre les sélections de deux pays auxquels il considère appartenir au même degré. Il n'est pas le seul non plus à faire l'objet de vives critiques à ce sujet. En mars 2016, encore entraineur adjoint des Oranjes, Marco Van Basten a réagi par des mots déplacés, à la suite de la décision de d'Oussama Tannane et de Hakim Ziyech d'opter pour les Lions de l'Atlas. Dans un entretien De Telegraaf, repris par RMC Sport, il a ainsi qualifié les deux joueurs de «garçons stupides». «Ziyech est un grand joueur et Tannane très bon, mais comment pouvez-vous être suffisamment stupide pour opter pour le Maroc alors que vous êtes sélectionnables en équipe néerlandaise ? Pourquoi ces soi-disant agents ne représentent-ils pas mieux l'intérêt du joueur ? Ils feraient mieux de vendre des gâteaux.» Marco Van Basten Dans des pays voisins, la situation ne diffère pas particulièrement, avec peu de joueurs originaires du Maroc sélectionnés et encore peu qui répondent à cet appel. Evoluant en Belgique, l'international Marouane Fellaini avait également hésité avant de faire son choix en 2007. Après avoir intégré la sélection olympique marocaine, ce sont finalement les conseils de son père qui l'ont décidé à opter pour les Diables rouges, devenant rapidement une figure de proue. En dehors de Fellaini, il n'a pas toujours été facile pour des Marocains issus de l'immigration d'intégrer une sélection nationale européenne et d'évoluer activement en son sein. En Belgique, il a fallu attendre le milieu des années 1990 pour que la Fédération belge de football en décide ainsi, pour la première fois, en incluant l'international Nordin Jbari. En revanche, cette première victoire pour l'intégration des binationaux à l'équipe nationale de Belgique a été peu savourée, puisque l'ancien d'Anderlecht, aujourd'hui consultant en sport, aura eu droit à un total de 25 minutes de jeu seulement, au cours de ses deux sélections au sein des Diables rouges. «Le Maroc est venu aux nouvelles, mais il était trop tard, j'avais déjà joué pour les Diables. Sinon, je l'avoue, je me serais également retrouvé devant un vrai casse-tête», a-t-il confié en 2013 au site d'information L'Avenir. Au Pays-Bas, l'international marocain Khalid Boulahrouz a eu plus de chances pour faire ses marques au sein des Oranje, en tant que membre de l'équipe espoirs en 2002 puis de la sélection A de 2003 à 2012. Aujourd'hui à la retraite, ce défenseur central à marqué les esprits des amoureux du football par ses prestations sur le terrain, notamment lors du Mondial de 2010 où les Néerlandais ont été finalistes face aux Espagnols (0-1). Contrairement à Khalid Boulahrouz, d'autres joueurs originaires du Maroc mais natifs des Pays-Bas ont opté pour les Lions de l'Atlas : Hakim Ziyech depuis 2015, malgré sa sélection dans l'équipe néerlandaise espoirs ; Nordin Amrabat depuis 2012, après une première sélection avec les Oranje ; et son frère, Sofyan Amrabat, depuis 2013. Cette fois, l'enjeu du choix Mohamed Ihattaren pourrait dépasser sa propre carrière, risquant d'impacter d'autres joueurs d'origine marocaine Ruud Gullit mettaient ses menaces à exécution. Article modifié le 2019/09/10 à 14h01