L'emprisonnement et les poursuites à l'encontre de la journaliste Hajar Raissouni, accusée d'avortement et de relations sexuelles hors mariage, «constituent une violation flagrante de son droit à la vie privée, à la liberté et à de nombreux autres droits». C'est ce qu'a déclaré ce lundi l'ONG internationale Human Rights Watch. Dans un communiqué, l'association a appelé à «l'abandon des plaintes et la libération immédiate» de la journaliste marocaine. Ahmed Benchemsi, directeur de la communication et du plaidoyer au sein de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch, a déclaré que «Hajar Rissouni est accusée pour une conduite privée, qui ne devrait absolument pas être criminalisée». «En outre, en publiant des allégations détaillées sur sa vie sexuelle et reproductive, les autorités ont violé son droit à la vie privée et semblent avoir voulu la diffamer», poursuit-il. «L'arrestation, les poursuites et les violations violentes de la vie privée de Hajar Raissouni témoignent du manque de respect du pays pour les libertés individuelles et de ce qui apparaît comme une application sélective de lois (qui sont déjà injustes) pour punir la presse critique. Il faut donc libérer Hajar et les autres détenus et abandonner les poursuites.» Ahmed Reda Benchemsi L'organisation internationale de défense des droits de l'homme rappelle que la journaliste est issue d'une famille d'opposants bien connue. Elle cite notamment Chafiq Chraibi, président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin, selon qui «600 à 800 avortements clandestins ont lieu quotidiennement au Maroc, dont environ les deux tiers sont effectués par des médecins agréés». De son côté, l'ONG Amnesty International a appelé, vendredi, les autorités marocaines à «libérer immédiatement et abandonner toutes les charges qui pèsent contre la journaliste». «L'arrestation de Hajar Raissouni et de quatre autres personnes constitue une injustice flagrante. Ces allégations constituent une violation flagrante de sa vie privée», a déclaré Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. «Cette affaire est un rappel cruel de la nécessité urgente d'abroger les lois marocaines qui criminalisent les relations sexuelles extraconjugales et l'avortement», a-t-elle déclaré.