Les vestiges laissés par les Almohades au XIIIe siècle sur la colline d'Alarcos font l'objet d'une étude archéologique, menée par une équipe de l'Université de Castille-la Manche. Il s'agit de la première du genre, qui pourrait dévoiler les mystères de ces tombes oubliées d'Al-Andalus. En Nouvelle-Castille, la colline d'Alarcos n'a pas encore dévoilé ses mystères, bien qu'elle ne soit célèbre pour avoir été le théâtre d'une célèbre bataille éponyme. Cet évènement historique charnière, où Almohades (1121 – 1269) et soldats du Royaume chrétien de Castille (1035 – 1516) ont croisé le fer, s'est déroulé le 18 juillet 1195. Dans une péninsule ibérique en proie à la Reconquista (722 – 1492), la confrontation s'est soldée par un échec cuisant des armées castillanes. La victoire des Almohades a consolidé leur pouvoir, qui a unifié son plus large territoire d'influence en 1212. De cette bataille, des vestiges arabes sont restés. Découverts il y a une dizaine d'année, ils surplombent la colline sans jamais avoir fait l'objet de fouilles et d'analyses approfondies. Pourtant, ces restes sont les rares témoins de la présence des habitants arabes et musulmans qui ont investi la région entre 1195 et 1212, au temps où Al-Andalus était gouverné par les Almohades. Depuis lundi dernier et jusqu'au 14 septembre, une équipe d'archéologues de l'Université de Castille-la Manche (UCLM) investit cet espace à peine exploré par les chercheurs, selon le site d'information espagnol La Tribuna De Ciudad Real. Ces chercheurs ont deux semaines, durant lesquelles les tombes du site seront ainsi réouvertes et les restes humains sur les lieux passés au peigne fin. Exhumer et recouper les réalités historiques D'abord, il s'agira de définir quel type d'enterrements ont été pratiqué sur la zone servant de nécropole. Pour mieux connaître les composantes ayant fait le tissu social du village médiéval, les chercheurs travailleront notamment à savoir si les corps sont tous enterrés en étant dirigés vers la Mecque, comme le veut la tradition musulmane, ou s'il existe parmi eux des tombes en position obéissant aux rites de l'enterrement juif ou chrétien. Les résultats de ces recherches inédites pourront contribuer à enrichir considérablement le récit historique et scientifique sur la vie des habitants d'Alarcos. Les spécialistes s'y intéressent particulièrement, vu les évènements ayant marqué cette région, dont le principal reste la bataille éponyme. Ils concluront également sur la durée plus précise de la présence des différentes communautés ayant investi les lieux. Sur ces derniers, des tombes d'adultes et d'enfants ont été distingués par les chercheurs. Grâce à l'analyse osseuse de leurs corps, on pourra en savoir plus sur les modes de vie de ces anciens riverains, des aspects de leurs vies quotidiennes, leurs régimes alimentaires, ou encore s'ils ont souffert de maladies graves, d'épidémies ou vécu d'autres évènements. Ces éléments ont une importance cruciale aux yeux des historiens, puisque la bataille d'Alarcos a été l'une des dernières prouesses militaires des soldats musulmans en Espagne. 40 000 à 60 000 guerriers ont été comptés dans les rangs des Almohades, tandis que le Royaume de Castille en a mobilisé 80 000. Pourtant, stratégie et tactique ont été du côté des musulmans. Après avoir remporté la bataille, ils ont en effet obligé les Castillans à signer un traité de paix de dix ans.