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LECTURE SUR NOTRE HISTOIRE Le grand Maghreb ibéro -marocain entre le séparatisme et l'unitarisme et les mérinides dans "Tarikh al Maghrib al Marini wa hadaratuhu »du Pr. Mohamed Cherif
L'un des thèmes à répercussion fort actuelle qui se dégage du dernier ouvrage arabophone du Professeur Mohamed Cherif, "Tharîkh al Maghrib al Marînî wa Hadâratuhu" (L'histoire du Maroc Mérinide et sa Civilisation) – Ed. Université Abdel Malek Es-Saâdi, Tétouan, 2012, 238 p.-, évoque la problématique du "Grand Maghreb ibéro- marocain entre le séparatisme et l'unitarisme et les Mérinides", thème dont l'opportunité continue de préoccuper la pensée politique, en 2012. Le livre constitue un ensemble de conférences et d'études de l'auteur, datant de 1988 à 2011, comme le dit lui-même dans la préface : "Ces conférences, nous les avions préparées alors que nous entamions le cycle d'enseignement à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Tétouan (...). Nous insérons dans ce livres des études historiques traitant de quelques aspects de communications civilisationnelles du Maroc mérinides avec le pays andalous et le Soudan occidental..." (p.6). Au sujet de cet idéal anti-séparatiste et unitariste maghrébin mérinide, Abdelali Benamour écrit : "Faire du Maroc un pays qui compte sur l'échiquier politique international avec le parachèvement de son intégrité territoriale et une position d'indépendance et d'interdépendance dynamique dans le cadre de l'espace occidentalo-arabo-maghrébo-africain." – "LA REVOLUTION TRANQUILLE", "LE NOUVEAU SIECLE", N°7, Novembre 1993, p.121. D'où l'esquisse de la problématique historique suivante : 1. Le Maroc mérinide face à la dislocation de l'unité de l'empire almohade après la défaite de Las Navas de Tolosa en 1212 : Le Maroc fer de lance de l'unité du Grand Maghreb avec l'Andalousie, unité ibéro- maghébo- marocaine sous l'empire almohade se vit partitionné après la déroute de Las Navas de Tolosa en 1212. Ainsi lit-on sous la plume de Fernando Olmedo, Nicolás Ramirez et Diego Carrasco, à ce sujet : "Une puissante confédération se met en place, qui fournit à Abdelmoumen Ibn Ali l'occasion de donner la mesure de ses grandes qualités de stratège et d'administrateur (...). Ses successeurs, Yusuf et Yakub Al-Mansur, tout en maintenant leur emprise sur le Maghreb [v. l'UMA, l'Union du Maghreb Arabe - 1989], continuent à combattre en Al-Andalus [l'unité ibéro- maghrébo- marocaine] avec des succès retentissants, telle cette fameuse victoire d'al-Mansur à Alarcos (région de la Ciudad Real) en 1195. Mais en cette fin du XIIème siècle, l'empire almohade s'essouffle par l'étendue même de ses territoires, les rebellions dans son aile orientale au Maghreb et le retour en force des puissances chrétiennes d'Espagne. En 1212, la victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa, sonne le glas de l'empire." – "Itinéraire Culturel des Almoravides et des Almohades : Maghreb et péninsule ibérique", Ed. Fundación El Legado Andalusi, 1999, pp.33-34. Une dislocation de l'unité de l'Empire Almohade s'ensuit donnant lieu à quatre Etats rivaux [séparatisme] que le Maroc mérinide tentera en vain de réunifier [unitarisme] tel que le relate le Pr. M. Cherif dans son livre en précisant : "Au temps où le califat almohade était en voie disparition à la suite de la défaite de Las Navas de Tolosa [al Uqab] 609H/ 1212, et surtout après avoir perdu son appui idéologique, consécutif à la déclaration du calife Al- Mamun de l'abrogation de la doctrine tumertienne en 1229, nous trouvons la Ifriqia [la Tunisie] rompant son lien avec Marrakech en 627H/ 1229 et proclamant son indépendance avec pour leader Abu Zakaria Al Hafsi, tout en s'adonnant à une politique expansionniste vers l'Est, en annexant Bougie, Constantine et Alger et s'étendant jusqu'à Oued Chlef, et se proclamant l'héritière du Califat almohade (...). Entre temps, les Abdelwadides avec pour leader Yurghmurasen établissent l'autonomie de Tlemcen et ses environs en 1235. Quant à l'Andalousie,outre la marche rapide chrétienne, il y apparaît plusieurs mouvements séparatistes, en particulier sous l'égide Ziad Ibn Murdanich à Valence dès 1235; Ibn Al Ahmar à Jaén (629H/ 1232), Ibn Hud à Murcie (626H/ 1229)" (p.23). Face à cette dislocation de l'empire almohade, l'idéal des Mérinides n'était autre que de dépasser le séparatisme et de restaurer l'unitarisme du grand Maghreb ibéro – marocain dont s'était prévalu Abu Al Hasan Al Marini. M. Cherif en rapporte dûment : "Abu Al Hasan Al Marini – qui arrive au pouvoir le 25 Du al-Qieda 731H/ 1331 - représente le début d'une nouvelle étape de la vie de l'Etat mérinide. Il entreprend dès son accession au pouvoir de planifier pour une politique s'appuyant l'accaparement du leadership de l'Occident musulman, d'anéantir tout danger menaçant l'Etat, et conséquent il avait comme une envie - ses prédécesseurs – de réaliser l'unité du Maroc et restaurer l'empire almohade..." (p.50). Mais qu'advint-il de cet idéal mérinide unitariste face au séparatisme ascendant? 2. L'idéal mérinide unitariste face au séparatisme post- almohade ascendant au Grand Maghreb ibéro- marocain : Il est évident que l'idéal mérinide unitariste na cessé de prévaloir aux yeux de tous ses sultans pour venir à bout du séparatisme post- almohade ascendant du Grand Maghreb ibéro- marocain, dont un relent aujourd'hui dans le projet de l'UMA (Union du Maghreb Arabe) et de l'UPM (l'Union pour la Méditerranée). Et comme Mikel de Epalza : "Actuellement, c'est le caractère "européanisé" (situation "pont", que les maghrébins assument généralement d'une façon très positive), qui distingue aussi le [Grand] Maghreb, comme Al-Andalus fut un pont glorieux entre la civilisation arabo-islamique et le monde européen médiéval (...). On a parfois trop insisté sur les rivalités entre maghrébins (berbères) et gens d'Al –Andalus [arabo- maghrébins ibéro-marocains], à propos de la présence d'armées maghrébines à Al -Andalous, spécialement à la fin du califat de Cordoue sous les Almoravides, les Almohades, et au royaume de Grenade; "Andalousie contre Berbérie" ressemble plutôt à des chamailles entre voisins." – "Al–ANDALUS ET LE MAGHREB FRONTIERE DE L'ISLAM DANS LA CONSCIENCE MUSULMANE, MEDIEVALE ET MODERNE", in "Maroc-Europe, 1993 – N°4, Ed. LA PORTE, pp.208-209. Concernant le problématique séparatiste post-almohade - que le jeune Etat mérinide unitariste avait à affronter - est d'emblée décrite par M. Cherif en ces termes : "L'affaiblissement commença à s'étendre dans institutions de l'empire almohade après la défaite de son armée dans la bataille de Las Navas de Tolosa en Andalousie en 609H/ 1212; et les deux premières décennies du VII et de l'Hégire et XIIIème siècle chrétien la dissolution progressive de l'empire almohade; c'est que la dislocation causée par la déroute de Las Navas de Tolosa ne s'est pas arrêté aux seules limites de l'appareil de l'Etat centrale almohade, mais s'est étendue à tout son territoire qui s'est exposé à un émiettement politique, par la décomposition de l'empire en entités politiques indépendantes. Quatre nouveaux Etats musulmans s'étaient érigés sur les décombres de l'empire almohade, à savoir : l'Etat hafside au moyen Maghreb (Tunisie), à partir de 625H/ 1227, l'Etat zianide (= abdelwadide) au Maghreb central (Algérie) en 633H/ 1236, l'existence islamique en Andalousie s'est circonscrit en une petite parcelle au Sud, qui revint à l'Etat de béni al-Ahmar (= Béni Nasr), dès 629H/ 1231, représentant le royaume de Grenade que ses sultans nasrides parvinrent à conserver jusqu'en 897H/ 1492. Quant au Maroc, il voit apparaître le mouvement mérinide, à partir de 610H/ 1213, qui réussit à fonder une unité des plus importantes de l'Est musulman; car ses sultans ont aspiré à restituer la gloire de l'empire almohade en Afrique du Nord..." (p.5). Et c'est donc l'idéal unitarisme mérinide qui avait prévalu comme un pari historique contre le séparatisme post – almohade ascendant ( encore vivace jusqu'à nos jours), selon l'auteur, d'un Grand Maghreb ibéro- marocain almohade retrouvé. Tentatives entamées en vain alors dont l'auteur retrace les péripéties réitérées suivantes : 3. Les tentatives mérinides unitaristes réitérées contre séparatisme post- almohade au Grand Maghreb ibéro- marocain : Pour ce qui est de l'idéal des tentatives mérinides unitaristes réitérées en vain contre séparatisme post- almohade au Grand Maghreb ibéro- marocain, cela nous ramène paradoxalement à une réalité régionale des plus actuelle en 2012, comme le souligne cette remarque de Abdelali Benamour à ce propos : "Quant au [Grand] Maghreb, tout en l'appelant de nos vœux, a-t-on droit d'attendre indéfiniment cette échéance en retardant d'autres et en perdant des opportunités? De plus, dans la perspective des prochaines décennies, le [Grand] Maghreb est-il viable tout seul sans liaison avec étroite avec l'Occident [ibéro - marocain]?" - LA REVOLUTION TRANQUILLE", Op.cit., p.132. Ce dont le Pr. M. Cherif rappelle à propos de l'idéal unitariste maghrébin et ibéro- marocain, en affirmant : "Quant au Maroc, il voit apparaître le mouvement mérinide (...), ses sultans avaient réussi à fonder l'une des plus importantes unités dans l'Occident musulman; ses sultans ont aspiré à récupérer la gloire de l'empire almohade, en Afrique du Nord; ce qui leur était donné de faire en deux brèves périodes, sous le règne de Abu Al- Hasan al Marini (731-753H/ 1331-1351), et son fils Abu Inane Faris (749-759H/ 1348-1358), les plus illustres de cet Etat; comme il a pu retarder le sinistre andalou d'environ deux siècles." (p. ibid.). "De manière générale, commente l'auteur, on peut dire que les Mérinides étaient sur le point de réaliser le rêve unitariste dans le Grand Maghreb [post – almohade ibéro- marocain], toutefois ils ne purent réaliser cet objectif dans sa part andalouse. Maints facteurs complexes avaient entravé l'efficience de l'intervention mérinide en Andalousie, avec en tête : l'occupation par les guerres contre le voisin zianide, les frondes internes au Maroc, la lutte pour le pouvoir, la contradiction mérinido- nasride, la non disponibilité par les Mérinides d'une grande flotte, et le déséquilibre entre les deux rives de la Méditerranée en général (...). Mais l'interruption du transit marocain vers l'Andalousie a laissé les andalous affronter seuls la marche du mouvement de la Reconquista envahissante qui se couronna par la chute de Grenade, la capitale des Nasrides, en 1492. (p.56). L'ensemble du remarquable ouvrage fortement documenté du Pr. M. Cherif comporte quatre grand chapitres : 1. Conférences dans l'histoire du Maroc mérinide (au nombre de 8); 2. Lectures critiques d'ouvrages sur l'histoire mérinide (au nombre de 4); 3. Champ de recherche dans l'histoire du Maroc mérinide (au nombre de 4); 4. Le Maroc mérinide à travers les textes (au nombre de 11). En conclusion, il y a lieu de dire d'un tel ouvrage traitant notamment de la problématique du "Grand Maghreb ibéro- marocain entre le séparatisme et l'unitarisme sous les Mérinides aux XIV- XVème siècles, on pourrait engager une réflexion sur la même problématique maghrébine en plein XXIème siècle, surtout en ce qui regarde les relations ibéro- euro-maghrébines tant débattues de part et d'autre encore en 2012. Et c'est ce que met en exergue Mohamed Larbi Benothmane, en prônant en l'occurrence : "L'évolution de la coopération avec le [Grand] Maghreb présente certaines spécificités par rapport à celle de la mise en œuvre dans l'ensemble méditerranéen [Gr 5+5/ Gr.10 – 1990/ l'UPM - 2008], surtout depuis d'une part, l'élargissement au Sud de la Communauté [UE - 1993] et d'autre part, la création de l'Union du Maghreb Arabe (UMA - 1989). Du point de vue européen, cette coopération s'inscrit dans un esprit qui dépasse la complémentarité pour instaurer plutôt une notion d'interdépendance entre l'Europe et le Maghreb, la Communauté entendant poursuivre ses efforts de coopération avec ses voisins du Sud, malgré ses responsabilités à l'égard de l'Est." – "LES RELATIONS EURO- MAGHREBINES : HISTORIQUE, CONTENU, PERSPECTIVES", in "Maroc-Europe, Op.cit., p.213.