Quel point commun entre les 10 plaies d'Egypte et les 10 plaies de Casablanca ? Si on écoute de nombreux Casablancais, la réponse est évidente : l'apocalypse. La ville ogresse n'a jamais laissé indifférente ses habitants, mais ces dernières années, beaucoup de voix appellent à un peu plus de douceur pour que Casa redevienne la Blanche. Cette série d'articles propose une plongée dans les méandres d'une cité partagée entre crimes et châtiments. Comme si la circulation laborieuse à Casablanca ne suffisait pas, il a fallu ajouter à ce grand capharnaüm… les chantiers ! Rénovation du parc de la Ligue arabe, construction du Grand théâtre, de la trémie du boulevard Ghandi, du pont de Sidi Maarouf… Nombreux sont les chantiers qui jalonnent la capitale économique, et leur multiplication a le don d'agacer les Casablancais qui n'en voit pas le bout. Un petit tour sur la page Facebook «Save Casablanca» suffit à se laisser convaincre : «Casablanca est devenu un grand chantier de travaux interminables ! C'est infernal pour tous !», fustige l'un des membres. «Merci au chantier du Royal Mansour d'avoir rendu le passage par ce tronçon sur l'avenue des FAR encore plus cauchemardesque. Vu les panneaux en métal bien plantés au sol, la déviation des deux seules voies qui restaient libres vers l'autre côté va durer des mois et des mois !», s'énerve une autre. Un troisième ironisait il y a quelques mois sur «les joies de traverser le chantier du pont Sidi Maarouf chaque matin pour aller au boulot», tandis qu'un quatrième, photos d'un chantier boulevard d'Anfa à l'appui, déplore que «les piétons [soient] obligés d'emprunter la chaussée à leurs risque et péril». Une communication qui fait défaut Bref, on l'aura compris : les Casablancais n'en peuvent plus de ces chantiers qui s'accumulent, compliquant davantage la circulation des conducteurs et des piétons, particulièrement les femmes avec poussette et les personnes à mobilité réduite. «Il y a des défaillances en matière de communication», reconnaît auprès de notre rédaction Mohamed El Kortbi, gérant du Laboratoire des matériaux et génie civil. «Avant, il n'y avait aucun panneau pour indiquer aux piétons les déviations possibles en cas de travaux, mais des améliorations ont été apportées», souligne-t-il. «Il faut dire cependant que beaucoup de travaux sont réalisés sur des portions de route qu'on ne peut pas fermer totalement à la circulation, et on ne peut pas non plus compresser les délais : lorsque des chantiers sont engagés, ils doivent être menés à terme dans les délais impartis, sans toutefois en réduire la durée», soutient encore Mohamed El Kortbi. «Les plaintes des Casablancais sont tout à fait légitimes ; il y a effectivement des problèmes indéniables dans ce domaine… mais on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs !», se défend un architecte impliqué dans divers chantiers à Casablanca. Il reconnaît toutefois que des améliorations doivent encore être faites, «notamment en termes de signalétique et de sécurisation des chantiers». A l'instar de Mohamed El Kortbi, il plaide lui aussi pour une meilleure communication envers les usagers et une «mise en cohérence des projets, c'est-à-dire qu'ils se fassent en même temps pour que la gêne occasionnée soit concentrée». «On ne facilite pas la vie des piétons, c'est vrai, d'où l'importance de concilier les travaux qui doivent être faits avec la possibilité pour eux de pouvoir circuler convenablement», ajoute cet architecte. Mais, plaide-t-il, «c'est à la ville de communiquer, pas aux entreprises ou aux architectes impliqués dans ces chantiers, qui eux ont un rôle technique». Du côté des usagers, peu importe bien de savoir par qui ils sont informés – l'essentiel étant qu'ils le soient !