Une quarantaine de corps de migrants, originaires principalement d'Afrique subsaharienne, s'accumulent à la morgue de Nador, où seulement 5% des corps des migrants décédés sont identifiés, indique le journal en ligne espagnol El Diario, qui cite la section locale de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador. L'association demande ainsi aux autorités compétentes «d'accélérer le processus d'identification des corps, de permettre aux familles de connaître le sort de leurs enfants et que ces derniers puissent être enterrés dans des conditions humaines». De nombreux corps sont concentrés dans de petites morgues et des avocats marocains protestent contre l'accumulation de corps de victimes de l'immigration clandestine. Les décès et les disparitions ne sont pas comptés entre le nombre d'entrées ou de sorties enregistrées par l'Espagne et le Maroc. «Ces pertes en vies humaines n'ont pas aidé les Etats à élaborer des politiques de réhabilitation et de mémoire. Au contraire, leurs décès ont été utilisés pour demander davantage d'investissements pour les contrôles et, paradoxalement, pour des mesures visant à réduire les services de secours», rappelle l'ONG Walking Frontiers dans son rapport intitulé «La vie dans les nécro-frontières», présenté en juin dernier à Madrid. Le fait de ne pas enregistrer les noms ou reconnaître ces dépouilles signifie que «les familles ne reçoivent jamais l'avis de décès, ce qui exacerbe les difficultés émotionnelles et pratiques liées à la perte d'un membre de la famille», explique Younous Arbaoui, coordinateur de la Plateforme nationale de protection des migrants (PNPM), à El Diario. Les Etats ont l'obligation de respecter les morts. La PNPM estime ainsi que l'identification des corps est «la première étape pour remplir cette obligation». A Tanger, précise El Diario, 98% des corps retrouvés par les autorités ne sont pas identifiés et demeurent confinés à l'anonymat.