Le Maroc siège depuis hier au Conseil de sécurité de l'ONU en tant que membre non permanent. Une entrée qui coïncide avec les risques d'une intervention internationale en Syrie, mais également avec l'arrivée des islamistes au pouvoir dans le royaume. Le Maroc, ne disposant pas du droit de véto «ne pourra rien changer dans la politique onusienne». Le Maroc siège depuis ce 1er janvier 2012 au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies (CS), en tant que membre non permanent. Elu par une large majorité (151 voix sur 193) en octobre dernier, le royaume figurera, jusqu'en 2014, aux côtés des quatorze autres Etats qui composent cette instance de l'ONU. «Le Maroc a été élu au nom de l'Afrique» et s'attellera à la résolution des sujets liés au continent noir, qui représentent «deux-tiers des questions sur la table du Conseil de sécurité», déclarait alors Taieb Fassi Fihri. La situation actuelle dans le monde arabe n'allait pas être en reste, ajoutait le chef de la diplomatie marocaine. Toutefois, le royaume, en tant que membre non permanent, et ne disposant pas de droit de véto, ne pourra pas changer «grand-chose», tempère Najib Mouhtadi, professeur en relations internationales à l'Université Hassan II de Mohammedia. «La présence du Maroc au sein de ce Conseil, ajoute-t-il, ne changera en rien la politique onusienne» aussi bien envers l'Afrique que le monde arabe. Cette présence au sein du CS est plus une question de prestige que d'influence, même si elle coïncide avec l'arrivée au pouvoir des islamistes. Même direction L'équipe de Benkirane n'est toujours pas formée mais Saâd Eddine El Othmani, l'un des ténors du PJD, est attendu pour diriger le ministère des Affaires étrangères. Pour la première fois, la diplomatie marocaine «échappe» au Palais. Les islamistes vont-ils changer de cap dans la marche de cette diplomatie dite «modérée»? Pour Najib Mouhtadi, «il n'y aura pas de rupture». «Les lignes directrices de la politique étrangère du Maroc sont connues depuis 50 ans maintenant. Ce contrôle [par les islamistes, ndlr] du ministère des Affaires étrangères ne changera rien». Même en cas de différence d'approches, il faudra s'attendre à «certains compromis» entre le roi et son gouvernement. Par contre, sur les questions liées au monde arabe, le Maroc pourrait se montrer beaucoup plus engagé. Notamment en ce qui concerne «la Palestine et l'Irak». Le regain de force des formations islamistes dans plusieurs pays arabes pourra contribuer à faire revenir ces dossiers au devant de la scène. Des dossiers éclipsés depuis plus d'un an par celui des soulèvements populaires dans le monde arabe. D'ailleurs, l'un des premiers tests du Maroc au sein du Conseil de sécurité sera en rapport avec ce «printemps arabe». Le royaume devra se prononcer pour ou contre une intervention internationale en Syrie.