L'émission spéciale MRE, présentée par Mohamed Ezzouak, est le fruit d'un partenariat entre Radio 2M et Yabiladi.com. «Mes parents viennent du Maroc, mais je suis née en banlieue parisienne. Je suis une beurette, en tout cas c'est comme ça qu'on appelait les filles arabes dans les années 80.» C'est par ces mots que débute le documentaire «On nous appelait beurettes» de Bouchera Azzouz. Une plongée dans l'enfance de quatre femmes issues de l'immigration maghrébine en France. Emprunt de nostalgie, les récits de vie de ces quatre mousquetaires n'en demeurent pas moins poignants. Duels à fleuret moucheté contre la pauvreté, combats contre le racisme, et guerre contre le patriarcat et la misogynie. Fil directeur du documentaire, le féminisme populaire constitue le fil d'Ariane de la vie militante de la réalisatrice. Après avoir mis en exergue le courage et la résilience des femmes immigrées dans le documentaire «Nos mères, nos daronnes», Bouchera Azzouz continue le travail de mémoire en rappelant l'émergence douloureuse de ces femmes maghrébines partagées entre deux identités et devant lutter pour choisir librement leur destin. Tels les mousquetaires du roman d'Alexandre Dumas, défendant l'honneur de la reine de France face au cardinal de Richelieu, les parcours de vie de Bouchera et de ses trois copines d'enfance pourraient faire l'objet d'un roman de cape et d'épée en l'honneur des femmes en général et de celles issues de l'immigration en particuliers. Pour l'émission d'aujourd'hui, je vais avoir le plaisir de croiser le fer avec l'une de ces mousquetaires, le D'Artagnan ayant grandi dans le 9-3, Bouchera Azzouz. Réécouter l'émission en podcast : Invitée de l'émission Bouchera Azzouz : Née en France de parents marocains et ayant grandi à Saint-Denis, la réalisatrice et écrivaine Bouchera Azzouz a développé tôt sa fibre militante et féministe. Aujourd'hui, elle accompagne les femmes issues des banlieues dans leur autonomisation et leur épanouissement. Elle est présidente-fondatrice de l'association Les Ateliers du Féminisme Populaire. En 2015, elle écrit et réalise son premier documentaire, «Nos mères, nos daronnes», dédié à sa mère et à toutes celles qui ont donné naissance à la première génération issue de la migration maghrébine. Un an plus tard, elle signera l'ouvrage «Fille de daronne et fière de l'être» aux éditions Plon, après avoir écrit «Réussir – la rage d'exister des filles des cités». Tel un deuxième volet de «Nos mères, nos daronnes», Bouchera Azzouz réalise un nouveau documentaire. «On nous appelait beurrettes» raconte l'histoire de quatre filles d'origine maghrébine, dont Bouchera Azzouz, qui filme le parcours de la première génération de femmes d'origine maghrébine, nées en France après la guerre d'Algérie. Dans la continuité de son premier documentaire «Nos mères, nos daronnes», co-réalisé avec Marion Stalens, ce film donne la parole aux femmes dans une ambiance intimiste. «Main tendue vers les deux côtés qui faisaient pression sur ces filles», ce film porte un message selon lequel cette génération «a compris qu'il fallait à la fois faire évoluer la société, mais aussi nos familles». Après avoir été diffusé sur France 2 il y a quelques mois, le film sera projeté à Rabat le 2 juillet prochain, en présence de la réalisatrice.