L'avocat britannique George Sale fut le premier à réaliser une traduction anglaise directe du Coran. Sa traduction de 1733 contenait des notes et une interprétation des mœurs et des lois relatives à l'islam. La première traduction anglaise du Coran fut publiée en Angleterre dans les années 1730. Saluée par le philosophe des Lumières Voltaire, puis acquise par le troisième président des Etats-Unis Thomas Jefferson, cette traduction fut dirigée par George Sale, un orientaliste et avocat britannique. Le livre de George Sale était unique, car il s'agissait de la première traduction directe du Coran de l'arabe vers l'anglais. Le Britannique, qui maîtrisait la langue arabe sans s'être rendu dans un pays musulman, fut capable de fournir une version anglaise du livre sacré, version qui devint célèbre en Occident. Celle-ci fut publiée en novembre 1733 à Londres. Elle contenait plusieurs notes et une interprétation qui heurtèrent les habitudes, les traditions, les mœurs et les lois orientales. Une traduction latine du Coran et une copie d'Istanbul Selon le professeur d'histoire et auteur Alexander Bevilacqua, George Sale s'est appuyé sur les ouvrages de sa bibliothèque et sur d'autres traductions pour mener à bien son projet. Il s'est notamment largement appuyé sur une traduction en latin du livre sacré publié lors de la Réforme catholique à Rome. «Ce Coran en latin, destiné aux missionnaires catholiques, contenait une mine d'informations non traduites auparavant», indique Bevilacqua dans une chronique publiée en 2014 dans l'édition américaine d'Al Jazeera. En plus de la traduction latine du Coran, Sale possédait une copie manuscrite du livre sacré qu'il avait empruntée à l'église néerlandaise de Londres. Le livre avait été copié à Istanbul au XVIe siècle puis donné à l'église de Londres par un commerçant néerlandais, souligne Alexander Bevilacqua. Alexander Bevilacqua révèle par ailleurs que George Sale s'était presque exclusivement appuyé sur cette copie du Coran, citant à cet égard le propre examen qu'il fut du manuscrit à Londres en 2012. «Ce Coran d'Istanbul présente quelques rares variantes de certains mots, qui figurent dans la traduction de Sale, prouvant ainsi le lien», déclara l'historien britannique à cette occasion. Il a également indiqué que les notes et l'interprétation accompagnant la traduction de George Sale s'inspiraient d'un commentaire qui accompagnait le Coran d'Istanbul. Ce dernier figurait, selon Belvilacqua, parmi «les plus populaires de l'Empire ottoman» et «reflétait la compréhension ottomane traditionnelle du Coran». Une traduction et quelques controverses La traduction de George Sale fut bien reçue par les intellectuels européens, et considérée comme son œuvre principale par l'écrivain britannique Harold Lyon Thomson. Dans son «Dictionnaire de biographie nationale» (1885-1900, Volume 50), Thomson écrivit que «malgré quelques erreurs, la traduction de Sale est remarquablement précise». Thomson rapporta également que «Voltaire écrivit, dans son ''Dictionnaire philosophique'', que le savant George Sale nous a enfin éclairés par une traduction fidèle du Coran et une préface fort instructive». «Le discours préliminaire et les notes de Sale révèlent une connaissance remarquable non seulement des œuvres d'écrivains européens sur l'islam et son histoire, mais aussi sur la littérature arabe. La préface et les notes font toujours partie des meilleures sources d'information sur la foi musulmane et des peuples musulmans», ajoute-t-il. Malgré le succès que connut la traduction de George Sale en Europe, celle-ci fut l'objet de controverses. Le Washington Post rapporte en effet que «la traduction du Coran datant de 1734 ne fut pas produite en raison d'un intérêt particulier pour l'islam, mais plutôt pour renforcer les efforts des missionnaires chrétiens en pays musulmans». En effet, la traduction réalisée par Sale comprenait une longue introduction faisant référence aux raisons qui sous-tendaient son travail. Il indique que sa traduction du Coran avait pour but d'aider les protestants à comprendre le Coran et, ainsi, à argumenter contre ce qui y était écrit : «Il faut absolument décourager ceux qui, d'après les traductions ignorantes ou injustes publiées, ont émis une opinion trop favorable de la version originale [du Coran], et nous permettre de dénoncer cette imposture», estima George Sale.