Plusieurs instances représentatives des pharmaciens au Maroc estiment que les compléments alimentaires, disponibles au Maroc, restent des produits qui échappent encore à tout contrôle et pointent du doigt un «vide juridique» en la matière. En attendant, des militants des droits humains ont adressé des lettres aux autorités compétentes. Les «compléments alimentaires» et leur danger sur la santé des Marocains a été au cœur d'une requête présentée par la Coalition nationale des pharmaciens du PJD au ministre délégué chargé des Affaires générales et de la gouvernance. Selon Al Massae de ce lundi, la coalition et Lahcen Daoudi se sont réunis pour discuter de ce sujet. «Ladite requête appréhende les compléments alimentaires sur le marché national sur des bases juridiques et organisationnelles débouchant sur des recommandations essentielles dans ce domaine», selon les pharmaciens du PJD. Au cours de cette réunion, la coordination a souligné qu'il existe un vide juridique sur le marché des compléments alimentaires. Ces anabolisants sont, en effet, commercialisés dans certains espaces publics et peuvent constituer un danger pour la santé. Les pharmaciens sur la même longueur d'ondes «Cette crainte est partagée par tous les pharmaciens», nous déclare ce lundi Nabil Nachit, vice-secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc. Contacté par Yabiladi, il dénonce aussi l'existence de «beaucoup de contrebande, alors que le circuit de ces compléments n'est pas apparent». «Nous constatons aussi le flux de produits contrefaits», ajoute-t-il. «Le problème est que ces compléments ne sont pas gérés par des lois claires, ce qui laisse place à des amalgames facilitant la contrebande et la falsification. Nous demandons à ce qu'on applique aux compléments alimentaires les mêmes mesures et réglementations appliquées aux médicaments.» Nabil Nachit Dénonçant, lui-aussi, le «vide juridique», en la matière, le vice-secrétaire général de Fédération nationale des syndicats des pharmaciens suggèrent que «ces produits ne soient vendus que par les pharmacies pour réglementer leur vente et contrôler leur provenance». «Car, comme pour les médicaments, ils passeront du laboratoire aux grossistes, puis aux pharmacies avant d'arriver au consommateur», enchaîne-t-il. Nabil Nachit met aussi en avant la «la traçabilité» que cette opération va permettre, ainsi que le fait qu'elle permettra de «disposer ces compléments de dossiers juridiques au ministère de la Santé». «Les responsabilités de chacun seront ainsi définies», ajoute-t-il. Si Nabil Nachit dénonce que le fait que «certains importent ces produits à travers le ministère de l'Agriculture et l'ONSSA (office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires, ndlr), Abdelfettah Ahlamine, membre du Conseil régional des pharmaciens d'officine du Nord dit ne pas comprendre que ces compléments alimentaires soient du ressort de deux ministères ; celui de la Santé et celui de l'Agriculture via l'ONSSA. Les autorités marocaines déjà alertées ? Pour lui, «le ministère de la Santé par son manque d'effectif et de moyens n'arrive pas à tout contrôler, donc ces compléments alimentaires échappent à toute surveillance, que ce soit au niveau des frontières ou même une fois arrivés sur le marché». Rappelant qu'il y a «même des médicaments qui se vendent dans des épiceries et des souks», Abdelfettah Ahlamine déplore que l'inspection chargée des produits pharmaceutiques au ministère de la Santé ne peut intervenir qu'au sein des pharmacies. «Si les médicaments sont vendus en dehors des pharmacies, il faut convoquer la commission des fraudes et faire toute une procédure», ajoute-t-il. «Il faut vraiment attendre un scandale, comme celui des prothèses mammaires, pour qu'ils réagissent.» Abdelfettah Ahlamine Et c'est déjà le cas. Selon Al Massae, le décès d'un champion marocain d'haltérophilie a permis à l'AMDH-section Marrakech de tirer la sonnette d'alarme. «Des militants des droits de l'homme ont adressé des lettres au ministre de la Jeunesse et des sports, au procureur général du roi près de la cour d'appel de Marrakech et au président du ministère public à Rabat dans lesquelles ils réclament l'ouverture d'une enquête sur la prolifération de ces produits prohibés à l'échelle internationale», ajoute le journal. Selon la branche Menara-Marrakech de l'association marocaine des droits de l'homme, il y aurait d'autres cas de mort subite causée par ces stimulants.