En cette période de crise sanitaire, la demande sur de nombreux médicaments a explosé. Certains, subissent des ruptures momentanées de stock. D'autres comme le Zinc sont en pénurie totale depuis mars dernier. Ce qui ouvre la voie à certaines pratiques d'escroquerie. Décryptage. En début de la crise sanitaire, la demande sur des médicaments tels que le paracétamol, la vitamine C et d'autres a enregistré un bond de 500%, selon les estimations du secrétaire général de la confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc Amine Bouzoubaa. Et les médicaments étaient donc introuvables en raison du comportement de certains marocains qui se sont précipités pour acheter des quantités dépassant leurs besoins, ce qui a affecté le stock de produits disponibles. Aujourd'hui, « ce ne sont plus les mêmes taux enregistrés au début, mais la demande reste quand même importante avec une croissance de 100% par rapport à la normale », nous confie Amine Bouzoubaa. Or, si la vitamine C se fait toujours rare voire même introuvable des fois, d'autres médicaments à l'instar du Zinc et de chloroquine sont en pénurie actuellement dans les officines, et ce, depuis le mois de mars dernier. Pourtant, ils sont indispensables pour certaines maladies et rentrent même dans le cadre du protocole de traitement prévu pour le traitement du covid-19. Consommateur ruiné Contrairement à ce que beaucoup croient, le Zinc disponible aujourd'hui n'est qu'un complément alimentaire vendu à un prix exorbitant dépassant les 100 DH en comparaison avec « le vrai médicament », commercialisé lui, à quelques 30 DH en pharmacies. Ce complément comme le précise le secrétaire général de la confédération des pharmaciens, n'a pas d'effet contre le covid-19 vu la dose du Zinc exigé dans la cadre du protocole mis en place. «Le traitement nécessite 100 mg de Zinc par jour. Alors que le complément en question ne contient que 5 mg », note Amine Bouzoubaa. Non seulement ce complément alimentaire ne rentre pas dans la classification des médicaments qui peuvent donner l'effet attendu, mais peut être trouvé sur un simple clic sur les réseaux sociaux. «C'est de l'escroquerie pure et dure. Il y a un vide juridique autour de la question. Et cela fait des années que nous réclamons un cadre légal qui pourra régir la commercialisation de ces compléments alimentaires, Le circuit de distribution pour ce genre de produits n'est pas verrouillé et n'importe qui peut se les procurer et les revendre en tant que médicaments traitants diverses maladies, alors que ce n'est pas le cas », ajoute Amine Bouzoubaa. Pas de chloroquine en pharmacie Un autre produit vital pour certains marocains atteints de « rhumatisme », mais qui manquent à l'appel chez les officines, le plaquenil. Etant donné que le protocole de traitement à base de la chloroquine est appliqué au Maroc pour les cas des patients atteints du coronavirus, le gouvernement a acquis auprès du laboratoire Sanofi Maroc tout le stock disponible. Finalement, «beaucoup de patients qui souffrent de maladies rhumatologiques peinent à trouver ce médicament même s'ils ont des ordonnances délivrées par leurs médecins traitants », assure Amine Bouzoubaa, qui insiste que ce médicament doit être disponible au niveau des pharmacies et mis à disposition de ces patients avec un durcissement de la procédure pour son obtention. Cela permettra en même temps de sécuriser le stock marocain et mettre à disposition des malades le médicament, indispensable pour leur traitement.