Pour Vox, toutes les voix conservatrices comptent. La formation d'extrême droite espagnole compte présenter des militaires, héritiers de Franco, aux élections législatives du 28 avril. Cette résurgence du franquisme pourrait devenir une menace pour les Marocains d'Espagne ainsi que pour le Maroc. Sur les 52 circonscriptions électorales des législatives du 28 avril en Espagne, Vox a présenté cinq militaires en tête de listes. Une rupture avec une ligne politique observée jusqu'au là par les partis traditionnels comme les nouveaux. De hauts gradés de différents corps de l'armée ont été cooptés par la formation de Santiago Abascal pour défendre ses couleurs lors de ce scrutin. Quatre retraités généraux à Cádiz, Alicante, Castellón et Pontevedra et un colonel de la Légion à Melilla. Un choix qui est tout sauf conjoncturel. Il répond plutôt à une stratégie claire de la part de Vox visant à séduire le vote des hommes et des femmes en uniformes ainsi que leurs familles. «Bientôt, chers policiers et Gardes Civils, votre voix, la voix qui ne se rend jamais sera au Congrès des députés», avait lancé le 29 septembre dernier le secrétaire général de Vox, Javier Ortega Smith. Nouvelle tendance «Il y a une niche de plus de 270.000 voix, auxquelles s'ajoute un demi million de réservistes des différents corps de l'armée», a ainsi écrit El Espagnol en janvier dernier. C'était bien avant que le parti ne révèle la liste complète de ces candidats aux législatives. Les candidats militaires de Vox se revendiquent héritiers de Franco. Parmi eux Agustín Rosety Fernández de Castro, général de brigade à la marine et tête de liste à la circonscription de Cádiz, a déjà signé fin juillet 2018 une pétition faisant l'apologie de Franco et de son coup d'Etat de 1936. L'hostilité envers le Maroc est une autre composante de cet héritage. Ils partagent tous le même soutien pour la construction des murs à Ceuta et Melilla avec le royaume. Les deux viles font partie du «territoire espagnol. Si j'entends défendre mes frontières pour que les gens accèdent à ma maison à ma nation de forme ordonnée, je dois construire un mur. Personne ne pourrait dire, alors, que protéger le territoire est anticonstitutionnel», a expliqué le candidat de Vox à Pontevedra, le général Antonio Budiño, dans une interview publiée le 15 avril. Le projet de mur n'est pas le seul grief de Vox contre Rabat. Son programme électoral «exige du Maroc une totale reconnaissance de la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla.» Cette alliance entre les militaires et la politique a, désormais, le vent en poupe auprès d'un électorat demandeur davantage d'ordre et de fermeture des frontières au risque de perdre des libertés. La victoire du Jair Bolsonaro, un ex-capitaine de l'armée, à la présidentielle brésilienne, le 28 octobre 2018, confirme cette tendance. D'ailleurs, Vox compte également présenter des militaires aux élections communales du 26 mai prochain.