La formation d'extrême droite a déposé une proposition de loi devant le congrès des députés espagnols pour la construction de deux murs aux frontières de Sebta et Melilia. La fièvre pré-électorale s'empare à nouveau de l'Espagne. Au congrès des députés, chambre basse espagnole, la formation anti-migration Vox a annoncé la présentation d'une «proposition de loi» pour la construction d'un mur aux frontières de Sebta et de Melilia. «Un mur d'une épaisseur, résistance et hauteur qui le rendent infranchissable», a déclaré Vox. La formation a toutefois mis quelques gouttes d'eau dans son vin en appelant cette fois-ci l'Union européenne à financer ce projet ubuesque, alors que son leader voulait que l'infrastructure soit construite par le Maroc. Cette idée a fait son apparition quand le controversé leader de la formation, Santiago Abascal, l'avait publié dans son livre intitulé «L'Espagne vertébrée». Durant une comparution devant les médias, le secrétaire général du parti et le porte-parole de son groupe parlementaire ont estimé que les clôtures de Sebta et Melilia «ont montré leur inefficacité». D'autre part, ajoutent les deux parlementaires, les barbelés seront prochainement retirés, étant «utilisés comme excuses par les ONG pour dénoncer la cruauté de ce dispositif». Selon le secrétaire général de Vox, Javier Ortega Smith, la majorité des migrants n'escaladent pas les clôtures mais opèrent des ouvertures dans la grille pour accéder à l'enclave. D'où l'idée d'un mur en béton armé, d'un obstacle insurmontable, se justifie Vox. Le parti nationaliste aux idées racistes semble avoir pensé à une batterie de mesures pour contrer l'arrivée des migrants via les frontières des présides. À ce propos, le parti veut autoriser le recours, par les forces de sécurité en poste aux frontières, au matériel anti-émeutes et à une meilleure protection des forces de sécurité. Une corporation vue comme un potentiel vivier d'électeurs pour Vox. À ce propos, le parti table aussi sur la coopération de l'armée et son important dispositif dans la lutte contre l'immigration irrégulière. De plus, la formation souhaite que cette institution engage, dans ce dossier, son savoir-faire et sa logistique. De même, il est question dans cette proposition d'intensifier les refoulements dits «à chaud», à savoir l'extradition du migrant une fois intercepté. Une mesure qui réclame la coopération des autorités marocaines, bien entendu. En revanche, Vox ne mentionne nullement le rôle primordial de celles-ci dans cette lutte. La proposition de Vox intervient dans un contexte où la pression migratoire est moindre: les arrivées des migrants ont baissé de 45% en comparaison avec la même période de l'année précédente. Un fait que Vox admet, à contrecœur, tout en expliquant que «pas un seul migrant ne doit être admis». Le contexte de cette annonce rappelle donc les visées électoralistes de cette mesure. À voir de près l'actuelle composition du Parlement espagnol, la proposition de la formation extrémiste n'a aucune chance d'aboutir. Toutefois, si des élections anticipées étaient programmées en cas d'échec du chef de gouvernement par intérim, Pedro Sanchez, à former une coalition, Vox pourrait gagner des voix grâce à cette promesse.