Le parti populaire présentera une proposition devant le Parlement espagnol visant à durcir drastiquement les conditions d'accès des enfants marocains nés dans les enclaves à la citoyenneté espagnole. Une mesure électorale pour damer le pion à la montée en puissance de Vox, le parti d'extrême droite. La fièvre anti-migration s'empare des partis politiques espagnols de droite. Après l'arrivée spectaculaire du parti d'extrême droite, Vox, au Parlement andalou, qui a fait du discours anti-migratoire son étendard, voilà que le Parti populaire se lance dans cette frénétique compétition de celui qui formule le discours le plus radical à l'adresse des étrangers. Une chose est claire : Vox dicte à présent le rythme de l'agenda politique espagnol. À présent que l'agitation anti-migration est rentable électoralement et cela le PP l'a appris à ses dépens, ce dernier compte remédier à cette situation en présentant des mesures contre la présence des migrants. La dernière trouvaille du PP est de modifier la législation relative à l'octroi de la nationalité espagnole au profit des Marocains spécifiquement. Concrètement, le parti de l'opposition présentera devant le congrès des députés une proposition non de loi (PNL) mais permettant de durcir les conditions d'accès à la nationalité espagnole aux enfants marocains nés à Sebta ou Mélilia. En effet, la législation en vigueur permet aux natifs marocains des enclaves ou d'une quelconque partie de l'Espagne de prétendre à la nationalité espagnole au terme d'un an de résidence légale au pays. Cette proposition à l'initiative des deux barons du PP, à savoir les présidents de la ville de Sebta, Juan Vivas et le sénateur et président de Mélilia, Juan Imbroda, a pour finalité, selon les concernés de «décongestionner les services de maternité des deux villes». Selon le chef de l'Exécutif de Mélilia, 60% des accouchements réalisés dans l'enclave bénéficient à des femmes marocaines contre 35% à Sebta. La haute autorité avait déjà fait part de ses craintes que ces bébés nés dans les présides revendiquent un jour la citoyenneté espagnole en attestant d'un an de résidence légal sur le sol ibérique. Nous estimons qu'il s'agit de 1.700 à 1.800 naissances par an», pour chacune des deux enclaves a souligné Imbroda dans une conférence de presse. Celui-ci a considéré que cette loi est un «stimulant» qui encourage les parturientes marocaines à se déplacer aux enclaves pour donner naissance dans ses hôpitaux. À ce propos, le PP veut que le Code civil espagnol octroie un statut exceptionnel aux deux villes, indiquant de la sorte que les enfants nés dans les enclaves ne peuvent prétendre à la nationalité espagnole qu'après dix ans de résidence et non pas un an, comme c'est le cas dans l'actualité. Il s'agit en effet d'une modification de l'article 17.b et l'article 22.2, qui dictent les critères pour l'obtention de la nationalité espagnole. Les populaires utilisent comme prétexte l'article 26 du statut de l'autonomie des enclaves qui permet de réclamer des lois spécifiques pour les enclaves à cause de leur «particularité». Le secrétaire général du PP, Pablo Casado a appuyé cette initiative. Reste à connaître la position du reste des partis. «Nous espérons qu'ils y apporteront leur soutien parce que nous défendons l'intérêt général de l'Espagne», soutient Imbroda.