Rodrigo Rodriguez, entrepreneur espagnol, est entré aujourd'hui dans le 16e jour de la grève de la faim qu'il a initiée pour dénoncer une escroquerie dont il serait victime, de la part d'une des filiales du groupe immobilier Addoha. Il ne serait pas le seul dans ce cas… Pour dénoncer «l'extorsion, l'escroquerie et la fraude» dont il s'estime victime, l'entrepreneur espagnol Rodrigo Rodriguez a entamé une grève de la faim depuis le 19 novembre dernier. Selon ce qu'il a expliqué à l'agence de presse espagnole Europa Press, Torreblanca, l'entreprise de construction qu'il dirige, a été arnaquée, alors qu'elle était associée à un projet avec l'une des filiales du groupe Addoha. Ledit projet baptisé «Iklass», portait sur la construction de 415 logements dans la région de Tanger. Rodriguez aurait investi 600 000 euros (plus de 6 millions de dirhams) dans l'affaire, d'après l'agence de presse EFE. Son entreprise aurait donc entamé la construction desdits logements. Rodriguez se serait d'abord plaint du fait qu'il tardait à être payé. On lui aurait répondu qu'il recevrait son dû une fois le projet achevé. Alors que les travaux avaient été réalisés à 85%, des responsables d'Addoha, lui auraient proposé entre 150 000 et 200 000 euros (entre 1,7 et 2,3 millions de dirhams) pour abandonner le projet, et retourner en Espagne. «Ils ont dit que c'était leur manière de travailler : lancer un projet, le réaliser à 85%, le temps de récupérer leur investissement et de faire des bénéfices». Rodriguez aurait rejeté l'offre. Ses associés auraient alors eu recours à l'intimidation. «Ils nous ont menacé avec des brutes (…) ils ont agressé un de mes collègues (…) nous avons dû quitter le Maroc en mai 2011», témoigne Rodrigo Rodriguez. Les mésaventures de Rodriguez ne s'arrêtent pas là. Il a également confié à Europa Press que plusieurs transactions étranges avaient été constatées sur son compte bancaire au Maroc. Des virements auraient été effectués, et des chèques signés à son insu. Il dénonce une fraude, vu qu'il ne s'est pas rendu dans son entreprise depuis plusieurs mois. C'est à la gare ferroviaire de Santa Justa de Séville que Rodrigo Rodriguez manifeste son mécontentement depuis 16 jours. Il réclame en tout 4 millions d'euros, pour couvrir les dommages et intérêts, les frais engagés pour le matériel, et ce qui lui est dû par Addoha. Addoha aurait fait une autre victime En attendant que sa situation trouve une issue, Rodrigo Rodriguez a rejoint l'Association des Affectés par l´Extorsion au Maroc (AAEM). Le collectif regrouperait une trentaine d'entrepreneurs dont les pertes se chiffreraient à plus de 200 millions d'euros. L'AAEM annonce que parmi ces entrepreneurs abusés, Addoha aurait fait une autre victime. Formarroc, filiale de la firme catalane Estrufor, aurait connu le même sort que l'entreprise de Rodrigo Rodriguez, alors qu'elle était associée à une autre filiale du groupe Addoha, rapporte encore Europa Press. Les deux sociétés se seraient associées sur un projet de construction aux alentours de Rabat. Les associés marocains, une fois leur investissement récupéré, et des bénéfices réalisés, auraient commencé à faire pression sur leurs homologues espagnols pour qu'ils résilient leur contrat. Ils auraient ainsi, perdu plus d'un million d'euros dans l'affaire. L'AAEM prévoit d'organiser une manifestation de protestation cette semaine à Tanger, si aucune solution n'est trouvée. Entretemps, Rodrigo Rodriguez poursuit sa grève de la faim dans les locaux de la gare sévillane, et réclame que s'arrêtent les opérations de propagande visant à attirer les investisseurs espagnols au Maroc. Addoha réagit Face aux accusations dont fait l'objet le groupe Addoha, soupçonné d'avoir escroqué ses associés espagnols, la société réagit en apportant ses explications et dénonçant ainsi les allégations avancées à travers un droit de réponse. Addoha reconnait avoir signé un marché avec la société Torreblanca Construction Maroc pour le projet « Al Ikhlasse » à Tanger. Néanmoins, Addoha affirme que la société espagnole n'a pas respecté l'ensemble de ses engagements contractuels « faute des capacités techniques et financières requises » ce qui aurait entrainé de fait, la résiliation du contrat qui liait Addoha à Torreblanca. Addoha accuse ainsi la société Torreblanca de ne pas avoir rempli son contrat. Selon Addoha, la société Torreblanca aurait saisi le président du tribunal de commerce de Tanger qui se serait déclaré incompétent. De son côté, Addoha aurait introduit une action en justice à l'encontre de Torreblanca Construction Maroc « au profit de ses créanciers qui ont protesté contre la défaillance » de celle-ci.